Monde

La Syrie, par le feu et par le sang

Temps de lecture : 2 min

Depuis le début du «printemps arabe», les médias ont un rôle capital. Les réseaux sociaux mais aussi les médias de masse se sont bien souvent positionnés en faveur des révoltés. Le Bahreïn s’embrase depuis la mi-février, la Syrie depuis 6 semaines, ici et là les violences se déchaînent, les arrestations arbitraires et les morts se multiplient. La vidéo ci-dessus a été tournée par un amateur à Deraa les 23 et 25 mars. Dès le début des manifestations, l’armée a répondu par la force et la répression en utilisant des balles réelles, multipliant les blessés de jour en jour.

Mais la Syrie et le Bahreïn bénéficient d’une couverture médiatique inférieure à celle dont qu’ont connu l’Egypte ou la Tunisie. En Syrie, la plupart des vidéos disponibles ont été tournées par des amateurs ou par la chaîne indépendante syrienne: Sham TV (al Jazeera est peu présente car ses employés ont quitté leurs bureaux de Damas et la chaîne couvre désormais les événements en Syrie depuis ses plateaux qataris).

Les chaînes arabes doivent jongler entre le maintien de leurs relations avec les pays de la région et la diffusion de vidéos d’actualité.

Dans ce cadre, le silence d’al Jazeera perdure concernant le révolution au Bahreïn, prise dans ses relations complexes entre le Qatar et l’Arabie saoudite. C’est là que les chaînes de télévision montrent leurs limites.

Après quelques temps d’hésitation, les manifestants syriens ont désormais la parole sur al Jazeera, mais les internautes n’ont pas attendu ce sursaut pour diffuser rapidement des vidéos qui témoignent directement des massacres, sans forcément couper toutes scènes de violence.

Attention, la vidéo ci-dessous datant du 23 mars peut choquer. Elle montre des manifestants mutilés et grièvement blessés.

Le 24 avril, on répertoriait déjà plus de 350 morts. Le week-end du 22 et 23 avril a été l’un des plus sanglants. La violence est montée d’un cran, la vidéo ci-dessous témoigne.

Des vidéos d’une violence encore plus extrême circulaient lundi 25 avril sur Facebook. Le lendemain, celles-ci avaient été retirées et sont maintenant introuvables dans leur totalité sur les sites de partage vidéo. Le 26 avril, 2.000 policiers équipés de mitrailleuses lourdes arrivaient à Douma (faubourg de la périphérie nord de Damas).

Les causes de la révolte syrienne ne sont pas différentes de celles des autres pays arabes. L’économie est en faillite, la démographie explose et les forces de sécurités sont autoritaires.

Mais au Bahreïn comme en Syrie, les révoltes ont pris une tournure confessionnelle. La Syrie est dirigée par une minorité, les Alaouites, alors que 60% de la population est sunnite (il y a aussi des chrétiens et des kurdes). Les manifestants syriens demandent une levée de l’état d’urgence (obtenue le 21 avril), l’expansion des libertés, la fin du parti unique et la chute de Bachar el Assad.

Plusieurs vidéos montrent les destructions de portraits de Bachar el Assad présents partout dans les rues syriennes, chose impensable encore quelques temps auparavant. Le régime s’est toujours présenté (et se présente toujours) comme le garant de l’unité du pays auprès des minorités «menacées» par les extrémistes.

Cependant, ce «culte de la personnalité agressif» met maintenant en danger Bachar el Assad dans cette période de troubles.

Damas a maintenant clairement choisi la solution militaire pour étouffer les contestations. Bachar el Assad soutient que les manifestants sont des groupes radicaux sunnites tentant d’anéantir les autres communautés.

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