Économie

Alstom: la solution est européenne et elle s'appelle transition énergétique

Temps de lecture : 2 min

Par Sandrine Bélier, députée européenne, tête de liste Europe Ecologie-Les Verts dans l'Est.

Une éolienne Alstom à Le Carnet. REUTERS/Stephane Mahe
Une éolienne Alstom à Le Carnet. REUTERS/Stephane Mahe

Certes, Alstom connaît des difficultés, notamment une capitalisation boursière en baisse, une conjoncture morose, et une absence de marges de manœuvre financières. Mais la situation du groupe est loin d'être aussi mauvaise qu'en 2003: le groupe a réalisé 800 millions d'euros de bénéfices sur 2012/2013 et a d’ores et déjà réalisé des investissements qui pourraient permettre son redressement. Quelle urgence y a-t-il dès lors à démembrer un groupe industriel qui emploie près de 93.000 personnes dans le monde dont 18.000 en France?

En tant que députée européenne, et pour avoir suivi de près les effets de l’OPA de Mittal sur Arcelor, j’ai la faiblesse de penser que la question que nous devons nous poser aujourd'hui n'est pas tant celle du nom du repreneur d'Alstom, que celle des perspectives que nous sommes en mesure d’offrir au groupe et à ses salariés, voire plus généralement à nos régions dans la mesure où Belfort comme Ornans seraient touchées, comme Mulhouse et Montbéliard...

A court terme, nous pouvons aider Alstom à retrouver des marges de manœuvre et à se positionner sur de nouveaux marchés. L'Etat français pourrait ainsi se porter acquéreur d’une partie des avoirs dont Bouygues cherche à se défaire, en contrepartie de quoi Alstom serait amené à réorienter ses investissements vers des secteurs en pleine expansion comme la mobilité durable ou les énergies renouvelables.

A moyen et long terme, nous devons agir si nous voulons protéger l’industrie européenne et favoriser le Made In Europe. Il faut le dire clairement, nos industries nationales ont trop souffert de l'absence de stratégie globale et un «Airbus de l’énergie ou des transports» n’aurait pas de sens sans une véritable politique industrielle et énergétique à l’échelle européenne.

L'Europe doit s'engager résolument dans la voie de la transition énergétique et du soutien à une industrie propre et innovante. Alstom vend moins de centrales à charbon? L’Europe doit se battre pour qu'il puisse vendre plus de tramways et d'éoliennes. Alstom souffre de l'incertitude sur la politique énergétique en France? L’Europe doit tenir un cap clair et prévisible: 45% d'énergies renouvelables en Europe d'ici 2030 et une réduction de nos émissions de CO2 de 60%, ce qui favorisera le développement des transports durables.

Les solutions sont là, il n’appartient qu’à nous de les saisir!

La transition énergétique à l’échelle européenne, ce sont des débouchés pour une industrie qui en manque et dont l'activité repose trop sur des technologies vouées à disparaître, comme le charbon ou le nucléaire. C’est aussi 3 millions d'emplois dans l'industrie et les PME sur les 15 prochaines années en Europe. C'est enfin l'occasion de développer une vraie approche européenne de l'industrie: une coopération renforcée entre les Etats et les groupes industriels pour donner naissance à ce fameux Airbus de la transition énergétique qui seul pourra faire face à la concurrence américaine et asiatique.

Soyons réalistes, l’emploi industriel européen ne pourra pas survivre à cinq nouvelles années de myopie souverainiste (de droite comme de gauche) et de mise en concurrence de nos égoïsmes nationaux. Ensemble nous pouvons travailler à l’émergence d’outils industriels performants à l’échelle européenne en nous appuyant sur le potentiel immense de la transition énergétique. Ne nous trompons plus de débat: nous devons vivre en 2014 à l’heure du Made In Europe.

Sandrine Bélier

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