Les étudiants de l'université de Garissa, au Kenya, où une attaque de militants shebabs a fait 148 morts le 2 avril, s'attendaient depuis des mois à une offensive terroriste les visant. C'est ce qui ressort d'une enquête du Los Angeles Times auprès des survivants de l'attaque contre cette université inaugurée en 2011:
«Dans une ville connue depuis longtemps pour de violentes attaques extrémistes, ce campus où logeaient principalement des étudiants chrétiens constituait une cible évidente, dans une zone à majorité musulmane située à faible distance, environ 90 miles, de la frontière somalienne. Les étudiants, qui savaient l'université vulnérable à une attaque, expliquaient qu'ils se sentaient faibles et exposés.»
«Quand vous receviez votre lettre d'admission à Garissa, certaines personnes vous disaient qu'il n'était pas sûr d'y aller. Cette histoire était prévisible», explique ainsi un des survivants de l'attaque, Gideon Nyabwengi, 19 ans, qui raconte que ses amis lui avaient conseillé d'emmener une arme à feu avec lui ou lui avaient dit qu'ils prieraient pour lui.
En novembre dernier, les étudiants de l'université avaient manifesté pour protester contre contre le manque de sécurité, imitant les habitants de Garissa, qui avaient protesté à plusieurs reprises en 2013.
On sait aussi que les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient averti de l'imminence d'une attaque et que l'université de Nairobi avait adressé un mémo à ses étudiants les prévenant qu'une opération terroriste contre une institution universitaire était imminente. Des étudiants de Garissa avaient vu un avertissement sur un panneau mais l'avaient pris pour un poisson d'avril.
Interviewée par CBS News, la ministre des Affaires étrangères kenyane Amina Mohamed a démenti l'idée selon laquelle son gouvernement avait pris à la légère les avertissements:
«Vous savez, il y a eu le 11-Septembre. Le 7 juillet à Londres. Charlie Hebdo. Là-bas aussi, il y avait eu des avertissements, n'est-ce pas? Si des avertissements ont été ignorés, ce n'est pas la faute d'un pays ou d'une région, c'est qu'aujourd'hui, personne ne sait quand et où la prochaine attaque aura lieu.»
Selon le Telegraph, les attaques menées par les Shebab ont coûté la vie à plus de 400 personnes depuis avril 2013.