Inciter à la maigreur, c'est mal. C'est ce que redit très clairement, très fermement, un amendement adopté par l'Assemblée nationale le 2 avril dans le cadre du projet de loi santé, qui punit le fait de «provoquer une personne à rechercher une maigreur excessive [...]». Mais inciter à penser que la grosseur, c'est mal? Inciter à penser qu'être gros c'est être flemmard, c'est ne pas prendre soin de soi, c'est ne pas être une vraie femme?
Sur son blog Ladies and Gentlemen, Marie Donzelle se pose la question dans un post intitulé «La grossophobie m'agresse (plus que l'incitation à l'anorexie)». Elle écrit notamment, elle à qui on a reproché d'être «trop maigre»:
«La grossophobie m'agresse. Directement. Violemment. Indépendamment même de mon propre rapport à mon corps et du regard qui est porté sur lui. La grossophobie m'agresse comme le racisme. La grossophobie m'agresse comme le sexisme agresse les hommes quand il leur fait honte d'être du bon côté du manche, si celui-ci ne sert qu'à écraser l'autre moitié de l'humanité. [...]
La grossophobie me fait horreur parce qu'elle réplique tout du racisme ou du sexisme les plus rances: la primauté du critère d'apparence immédiate sur tout autre élément constitutif de l'individu (comme "la femme" est considérée "femme" avant d'être toute autre chose, "la grosse" est d'abord désignée comme "grosse"), l'attribution de qualités morales à la caractéristique morphologique (comme il s'est dit, et hélas il n'y a pas si longtemps, que le "noir" était "flemmard", "le gros" est supposé manquer de "self control")»
Et à travers son texte, très juste, Marie Donzelle rappelle au passage qu'être féministe, ce n'est pas juste défendre l'égalité des femmes aux hommes, mais une pensée qui permet de penser les inégalités dans leur ensemble. Ou en tous cas devrait toujours le permettre.