Le tabloïd allemand Bild, affirme que le copilote de l’Airbus 1320 de Germanwings Andreas Lubitz, dont le suicide pourrait être à l'origine du crash du 24 mars, souffrait d’une grave dépression, comme le rapporte l'AFP.
Les antécédents psychiatriques font partie des principaux facteurs listés en 2005, dans une étude américaine publiée dans Aviation, Space and Environmental Medecine et pouvant expliquer les suicides de pilotes. Selon l'étude, 38% de ces pilotes avaient des antécédents. Les autres facteurs listés étaient les problèmes conjugaux et sociaux (46% des cas) et les problèmes juridiques (40%).
Cette étude de 2005 comparait les données d’accidents ayant eu lieu entre 1983 et 2003 et dont la tentative de suicide était listée comme une cause probable avec les données d’autres accidents d’avion. Les chercheurs ont découvert que, sur ces vingt-et-un ans, 37 pilotes s’étaient suicidés ou avaient tenté de se suicider aux Etats-Unis. Sur les 37 tentatives, 35 avaient engendré la mort d’une seule personne et 1 de plusieurs.
Tous les cas de suicide de pilote entre 1983 et 2003 concernaient des hommes et impliquaient des vols de l’aviation civile. Les suicidaires étaient souvent plus jeunes, 48,6% des crashs suicidaires sur cette période ont été provoqués par des moins de 39 ans, contre 28,4% pour les autres types d'accidents d’avion.
En 1973, un rapport du bureau de médecine de la Federal Aviation Administration américaine (FAA) expliquait:
«Souvent, la relation entre un pilote et son avion est telle que l’avion peut être pensé comme une extension du pilote lui-même durant le vol. Si le pilote accumule dans sa vie un stress qu’il ne peut plus supporter de manière adéquate, il est possible qu’il s’engage dans des actes auto-destructeurs, dont certains dans le contexte de ses activités de vol.»
Ce rapport se concluait de la manière suivante:
«Même les individus "compétents" peuvent échouer à s’adapter si un évènement stressant dépasse leur capacité à y faire face. L’auto-destruction devient alors inévitable.»
Dans une étude de la FAA datant de 2006 qui s’intéressait à la période 1993-2002, il est précisé que sur les 16 «suicides assistés par avion» comptabilisés aux Etats-Unis sur ces 10 ans, les pilotes étaient les seuls occupants de l’habitacle à chaque fois.
Les auteurs de cette étude de 2006 soulignaient que ces morts impliquaient la prise d’au moins une substance disqualifiant les pilotes pour voler (alcool, benzodiazépine, marijuana, cocaïne…), voire plus, dans 50% des cas.
En 2014, une nouvelle étude de la Federal Aviation Administration sur les «suicides de pilotes assistés par avion» observait les cas les plus récents aux Etats-Unis, entre 2003 et 2012. Sur 2.758 accidents d’avion fatals, 8 avaient été listés comme suicides. L’âge médian des pilotes était de 46 ans (21 ans à 68 ans) et les examens toxicologiques ont montré que 4 d’entre eux avaient ingéré de l’éthanol (de l'alcool) et 2 sur 8 prenaient des antidépresseurs.
Sur ces 8 suicides, il n’y avait personne d’autre que les pilotes dans les avions, à l’exception d’un cas: un homme de 47 ans, qui se disputait avec son ex-femme pour la garde de leur enfant mineur, avait foncé sur la maison de son ex-belle-mère avec son fils à bord d’un Cessna 150. L'homme et l'enfant avaient été tués.
En 2008, un rapport du département de médecine légale de l’hôpital universitaire Schleswig-Holstein s’intéressait au décès d’un pilote de 50 ans qui s’était suicidé en Allemagne à bord d’un Beechcraft Sierra. Avant de se tuer, le pilote avait envoyé un texto annonçant son suicide à un ami :
«Je m’envole vers les étoiles...»
Mais les études ci-dessus se focalisent sur les cas de suicides à bord de petits avions, dans lesquels les pilotes sont souvent seuls.
Les auteurs du rapport de 2006 soulignent d'ailleurs que la mort intentionnelle dans les crashs d’avions reste un évènement rare. Et les suicides de pilotes impliquant plus de décès sont beaucoup moins courants, comme nous vous le rapportions jeudi 26 mars.