Mercredi 25 mars, une femme a été condamnée à 4 ans de prison aux Etats-Unis pour avoir versé de l’eau bouillante sur la tête de son conjoint, comme le rapporte The Independent.
Ippo Panteloukadis, directeur des opérations de l'association Respect UK, qui s'occupe des victimes (hommes et femmes) de violences domestique, signe un texte dans le média britannique.
Il souligne que la sensibilisation du public aux violences domestiques faites aux hommes s'est accrue ces dernières années, ce qui a permis aux victimes de prendre la parole.
Il cite le cas de Roberto, qui a conctacté Men’s Advice Line, association anglo-saxonne de protection des hommes battus. Roberto, âgé d’une vingtaine d’année, a quitté un conjoint abusif lorsque leur relation s’est détériorée à la suite d'un mélange d’addictions, d’infidélité et de violence domestique. Depuis, Roberto dort sur les canapés de ses amis et a des pensées suicidaires. Il est extrêmement angoissé: son ancien partenaire a affirmé qu’il le tuerait s’il rencontrait quelqu’un d’autre.
Ou encore Daf, 73 ans, récemment hospitalisé après avoir été attaqué par sa femme avec un verre. Il dit qu’elle est graduellement devenue de plus en plus violente et s’inquiète que les choses puissent empirer. Mais il ne veut ni contacter la police ni quitter sa femme.
Ippo Panteloukadis explique que la plupart des victimes ne savent pas vers qui se tourner. Ils pensent qu’on ne les croira pas et qu’en tant qu’hommes ils devraient être capables de se défendre.
Selon le membre de Men's Advice Line, certaines victimes ont même droit à des réflexions de la part des autorités comme quoi ils devraient «s’affirmer» et donner «une bonne leçon» à leur conjoint. Et comme la plupart des campagnes contre les violences conjugales se focalisent sur les femmes, qui représentent la majorité des victimes, les hommes ont aussi l’impression d’être «invisibles».
Ce manque de reconnaissance les pousse à faire des choix dangereux, comme répondre à la violence par la violence, tenter de se suicider ou basculer dans la drogue et l’alcool. Ippo Panteloukadis explique:
«Davantage d’hommes doivent réaliser qu’il y a des gens à qui parler et qu’être victime de violences conjugales n’est pas leur faute. Quoi qu’il arrive, subir des abus ne fait pas d’eux des "sous-hommes".»
Deux hommes du Hertfordshire, en Grande-Bretagne, ont témoigné de ce qu’ils avaient vécu dans le Herts & Essex Observer. L'un d'eux explique:
«J’ai toujours cru que la violence domestique était quelque chose qui était faite aux femmes par des hommes agressifs, mais ce n’est pas le cas, les hommes aussi peuvent être des victimes.»
Le second, harcelé par son ancien partenaire, raconte:
«Mon ex m’attendait à la sortie du travail un soir et il m’a attaqué. C’est à ce moment que j’ai décidé que déménager n’avait pas suffi et que je devais appeler la police. Je me suis senti embarrassé, honteux, et au départ j’ai pensé que je leur faisais perdre leur temps.»
Avant d'ajouter:
«Mon message est clair, si vous êtes victime d’abus domestiques, parlez-en. Il n’y a aucune honte à admettre que vous êtes une victime. Ça peut arriver à n’importe qui.»
En France, l’association SOS Hommes Battus soutient les hommes victimes de violences. Sylvianne Spitzer, fondatrice et présidente de l’association, affirmait à 20 Minutes en février que «110.000 hommes se déclarent aujourd’hui victimes de violences conjugales dans les enquêtes de victimation, contre 330.000 femmes».
Elle ajoutait:
«Ça fait encore beaucoup sourire. Notre association leur apporte avant tout un soutien psychologique et une orientation juridique. Certains commissariats refusent de prendre une main courante. Pouvoir être cru, être entendu, pouvoir pleurer et se poser en victime, c’est très important.»
2% des #hommesvictimes de #violencesconjugales déposent plainte. Que proposent les politiques pour 2015 ? #soshommesbattus
— SOS Hommes Battus (@SOSHommesBattus) 3 Janvier 2015