En 2008, le conseil municipal de Los Angeles a décidé, à l’unanimité, d’interdire les ouvertures de nouveaux restaurants de restauration rapide, ainsi que le développement de ceux existant déjà, dans une zone défavorisée du sud de la ville. L’objectif affiché de cette règlementation concernant environ 700.000 habitants était de lutter contre des taux d'obésité très élevés et croissants.
Des chercheurs de RAND (une organisation de recherche qui étudie les politiques publiques) se sont penchés sur les effets de cette mesure de santé publique.
Les résultats, publiés le 19 mars, ne sont pas très bons, puisque comme le rapporte Vox.com, «ces restrictions n’ont pas réduit les taux d’obésité ni changé les habitudes alimentaires dans le quartier». Pire, le taux de surpoids et d’obésité a augmenté plus rapidement dans la zone concernée par la mesure que dans les autres coins de Los Angeles, et l’écart s’est creusé entre les différents quartiers.
Dans la zone interdite aux nouveaux fast-foods, le taux de surpoids et d’obésité est passé de 63% en 2007 à 75% en 2012. Dans le reste du comté, on est passé de 57% à 58%. Seul signe positif: la consommation de boissons sucrées a diminué, mais dans toute la ville.
Comment expliquer cet échec? «Le changement environnemental est lent, nous ne devons pas attendre des effets immédiats et spectaculaires», écrivent les auteurs de l’étude.
Et puis, selon les chercheurs, cette mesure était un peu mal fichue et pas forcément très logique. Elle ne s’appliquait qu’aux restaurants avec des menus limités, des plats préparés à l’avance ou rapidement. Les restaurants où l’on commande à table mais potentiellement de la junk food, ou les petites épiceries qui vendent chips et bonbons à foison peuvent prospérer sans problème. Les fast-foods des centres commerciaux ne sont pas non plus concernés par l'interdiction.
Les grandes chaînes de fast-food seraient quant à elles les mauvaises cibles. Selon les auteurs de l’étude, elles sont sûrement plus populaires pour les personnes qui passent dans le quartier, mais pas forcément pour les résidents, parce qu’elles ont un service de «drive» et sont sur les voies principales.
Le conseiller municipal Bernard C. Parks, qui a co-écrit le texte de la mesure, dit au Los Angeles Times qu’il n’est pas surpris des résultats, mais soutient que c’est seulement une première étape essentielle:
«Nous n’avons jamais cru que la situation allait changer du jour au lendemain, que tout d’un coup la population allait être en bonne santé.»
Selon lui, la mesure fait partie d’une stratégie plus large qui comprend l’arrivée d’épiceries et de marchés de producteurs pour remplacer les restaurants rapides...
Cet aspect-là a été cependant pour le moment plus difficile à mettre en place. Des études montrent bien que plus on a des possibilités de trouver de la nourriture saine et fraîche facilement dans notre quartier, moins on a de chances de devenir obèse, et vice-versa. Mais il n'est donc pas toujours facile de traduire des résultats de recherches en politiques publiques efficaces.