« IMPERATIVEMENT utiliser les mots-clés dans le titre du post»
«Utiliser les infographies ou vidéos trouvées sur YouTube sur la thématique du post»
«Un post doit contenir au moins 700 signes pour l'équipe de jour et pas moins de 1.000 pour celle de nuit...»
Non, ces exigences ne sortent pas du manuel du parfait community manager, mais des directives adressées à l'équipe de trolls du Kremlin, comme le rapporte Global Voices Online.
Le journaliste russe de Moï Region Andreï Sochnikov a pu s'entretenir avec un employé de l'Internet Research Agency, à Saint-Pétersbourg. Plus de 400 personnes y sont payées à poster des points de vue pro-Kremlin sur les réseaux sociaux, comme le racontait Libération en 2014. Il a pu réaliser une vidéo en caméra cachée dans les bureaux de l'agence.
Global Voices Online explique que Sochnikov a obtenu des documents permettant de mieux comprendre le fonctionnement des contributeurs comme les directives ci-dessus, une liste partielle de faux comptes LiveJournal utilisés par l'agence russe ainsi que des éléments de langage fournis aux employés concernant l'assassinat de Boris Nemtsov:
«Note technique du 28 février: Idée principale: émettre l’opinion que des agents ukrainiens pourraient être impliqués dans la mort de l'opposant russe.»
Dans les documents récupérés par le journaliste, on trouve le compte de «Natalia Drozdova», une employée de l'agence qui se nomme en réalité Tatiana Kazakbaïeva et utilise LiveJournal, Twitter, Facebook, Google+ et VKontakte (le Facebook Russe). Les posts de «Natalia» n'ont rien de particulier la plupart du temps: elle parle du retrait du smiley «se sentir gros» (dont nous vous parlions ici) ou partage des parodies de Cinquante nuances de Grey. Mais «Natalia Drozdova» donne aussi son avis sur la politique iranienne ou sur l'assassinat de Boris Nemtsov. Conformément aux directives de l'agence, elle a publié un article sur LiveJournal qui débute de cette façon:
«Depuis ce matin, je suis assise et je lis les circonstances de la mort de Nemtsov. Plus je lis et plus j'en suis convaincue: il a simplement été sacrifié par les siens.»
Global Voices Online précise que, dans un commentaire publié sous l'article de Moï Region, l'expert de l'Internet russe Anton Nossik explique que ces commentateurs pro-Kremlin rémunérés sont facilement repérables et ont donc peu d'impact sur l'opinion publique.