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Chicago: la police utilise les réseaux sociaux pour repérer les délinquants

Temps de lecture : 2 min

Chicago / Vincent Desjardins via Flickr CC License By
Chicago / Vincent Desjardins via Flickr CC License By

Au «bon vieux temps», les enquêtes de police consistaient à envoyer des agents et des inspecteurs enquêter sur le terrain, interroger les voisins, les proches, les indics... et à remonter ainsi les pistes jusqu’aux auteurs des crimes et délits. C’était avant. Avant que la police de Chicago, une des villes américaines les plus violentes, ne se dote d’un nouveau système pour combattre la délinquance voir l’anticiper, digne d’une nouvelle de science-fiction, baptisé «The New Dragnet» (la nouvelle souricière).

La chaîne de télévision locale, ABC7, explique que la police surveille en permanence les réseaux sociaux afin de savoir en temps réel «ce que les gens pensent, disent et font». Les forces de l’ordre peuvent ainsi être alertées quand il se passe quelque chose d’anormal.

Dans la banlieue de Chicago, à Elgin, l’équipe de police scientifique et technique a ainsi ajouté à sa panoplie de caméras pour surveiller la ville en permanence les réseaux sociaux. «Je pense vraiment que les possibilités sont infinies avec le développement des réseaux sociaux. Cette surveillance va grandir de façon exponentielle...», explique à ABC7 le sergent Jim Bisceglie de la Elgin Technical Investigations Unit.

Ce nouvel outil appelé «Intelligent Data Portal» (Portail de données de renseignement) agrège le contenu posté sur les réseaux sociaux et les projette sur une carte. Les enquêteurs peuvent se concentrer sur une zone géographique précise à un moment donné et utiliser toutes les données liées à un délit et à un crime. «A chaque fois que nous avons une affaire importante, des tirs ou une bagarre, nous pouvons utiliser le Intelligent Data Portal après les faits et voir si les gens parlent de l’incident pour ramasser des informations. Cela donne des pistes que nous n’aurions pas eu autrement».

Les données récupérées et croisées peuvent permettre d’aller bien plus loin. Par exemple, Motorola a développé un programme appelé «Intrado Beware» qui est une aide à la décision pour les officiers de police sur le terrain. C’est un système qui mesure les risques encourus avec certains individus et à certaines adresses en faisant «une recherche dans le web profond». Cela permet de savoir ou d’anticiper «qui se trouve de l’autre côté de la porte…».

Une évolution qui inquiète un certain nombre de défenseur des droits de l’homme et de juriste. «C’est très dérangeant de savoir que la police utilise maintenant ce que vous aimez sur les réseaux sociaux pour prévoir si vous allez commettre un crime», explique Lori Andrews, professeure à IIT Chicago-Kent College of Law. «Nous sommes en train de devenir une nation de suspects. La police n’est pas supposée entrer dans l’intimité de nos vies sans l’autorisation d’un juge et un soupçon raisonnable…».

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