Diane Venet se souvient avec précision du moment où elle s'est prise de passion pour le bijoux d'artiste: le jour où son petit ami, le sculpteur Bernar Venet, a enroulé autour de son annulaire un morceau d'argent en guise d'alliance. Depuis mariée au célèbre artiste (dont l'installation des monumentales œuvres avaient investi au château de Versailles en 2011 avait fait grincer quelques dents), Diane n'a eu de cesse de collectionner de rares pièces d'artistes ou d'en commissionner de nouveaux.
Bijou Gunther-Uecker ©Diane Venet
Le corpus rassemblé (200 pièces) passe en revue un siècle de ces mini masterpieces, ces chefs d'oeuvre miniatures en édition limitée, exprimant en trois dimensions toute la force et la patte des peintres et sculpteurs célèbres.
Bijou Luciano-Fontana par Diane Venet
Bijou Picasso par Diane Venet
Pour l'exposition itinérante de sa collection, Diane Venet a choisi de différencier les pionniers de la discipline (Jean Cocteau, Max Ernst, Meret Oppenheim, Lucio Fontana ou encore Georges Braque, Fernand Léger, Alberto Giacometti, Louise Bourgeois) des maîtres contemporains (Jeff Koons, Anish Kapoor, Wim Delvoye, Yoko Ono, Ugo Rondinone, Julio Le Parc...).
Bijou Anish Kapoor, par Diane Venet
Les grands noms de la «Pop culture» sont aussi représentés par des œuvres d'Andy Warhol, Roy Lichtensten, Mimo Rotella, Robert Rauschenberg, Frank Stella ou Robert Indiana. Une promenade dans un domaine finalement peu connu mais vastement exploré par les plus grands noms de l'art contemporain, qui reflète aussi l'évolution des outils et des procédés (modelage, taille, impression 3D).
Bijou Lichtenstein, par Diane Venet
Bijou Robert-Indiana par Diane Venet
Mais alors, combien coûte une broche de Picasso ou une bague de Koons? Sont-elles à considérer comme autant d'investissements? «La valeur du bijou d'artiste ne se mesure pas en carats», explique Diane Venet. «On ne le juge pas en fonction de son poinçon, de son éclat ou de sa transparence. A quelque époque qu'il appartienne, le bijou que crée un peintre ou un sculpteur témoigne d'une approche de l'art renouvelée, plus ludique peut-être, mais moins rigoureuse. Une approche plus intimiste et émouvante aussi.» Compris. Donc, faute de moyens pour s'offrir le masque d'or «Optic Topic» de Man Ray (1974), on peut toujours passer au doigt de sa belle la languette d'une canette de coca et considérer cela comme une performance, voire un manifeste.
Bijou Man Ray, Diane Venet
«From Picasso to Jeff Koons», au VITRARIA A+ museum à Venise, jusqu'au 12 avril 2015, puis à Paris en 2017.