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France-Ecosse: le Tournoi des VI nations, répétition générale avant la Coupe du monde?

Temps de lecture : 5 min

Faudra-t-il accorder un vrai crédit aux résultats du Tournoi des VI nations en cette année de Coupe du monde? Comme d’habitude, pas franchement.

Les joueurs de l'équipe de France en entraînement au Stade de France, le 6 février 2015. REUTERS/Gonzalo Fuentes
Les joueurs de l'équipe de France en entraînement au Stade de France, le 6 février 2015. REUTERS/Gonzalo Fuentes

Le Tournoi des VI nations rangé au simple rang de répétition générale? Alors qu’elle commence ce week-end, avec notamment un France-Ecosse programmé samedi 7 février au Stade de France moins de 24 heures après Pays de Galles-Angleterre à Cardiff en guise de copieux apéritif, la célèbre compétition européenne de rugby pourrait apparaître comme secondaire en cette année de 8e Coupe du monde.

Pour les sélectionneurs, selon les observateurs, il s’agirait d’abord, et peut-être principalement, de passer les troupes en revue afin de choisir la crème de la crème de l’effectif dans l’optique de cet objectif plus glorieux. Le Tournoi, qui est une fin en soi le reste du temps lors d’une saison «normale», ne serait plus, sur le papier, qu’un simple moyen sur le chemin d’une Coupe du monde. Qui adouber, qui laisser de côté… «Le Tournoi reste le tournoi, évalue Marc Lièvremont, le sélectionneur du XV de France voilà quatre ans:

«Il vaut mieux le gagner que le perdre même si la vérité du moment n’est pas toujours celle du lendemain. Cela reste un moment magique même si je sais que certains observateurs n’ont plus la tête qu’à la Coupe du monde.»

«La Coupe du monde est à la fois très proche et très loin dans nos esprits, a dit Thierry Dusautoir, le capitaine du XV de France, à la veille de ce France-Ecosse. «On sait que c'est le dernier rendez-vous international avant l’annonce de la liste des joueurs qui participeront à la Coupe du monde. Mais la meilleure façon de la préparer est de se focaliser sur ce Tournoi. Cette année, on aimerait déjà s'affirmer sur la scène européenne. Et avec cet état d'esprit on arrivera à construire petit à petit notre équipe. Il y a un peu de pression et je pense qu’il faut la prendre de façon positive.»

Pas de lien direct entre les résultats du Tournoi et ceux de la Coupe du monde

Mais du 6 février au 31 octobre, date de la finale de la Coupe du monde organisée en Angleterre (sans oublier quelques matches à Cardiff), y aura-t-il comme un fil conducteur menant d’un début jusqu’à une fin et procédant d’une logique? Les enseignements du Tournoi des VI nations nous fourniront-ils des indications pertinentes sur ce qu’il se passera six mois plus tard?

Depuis la première Coupe du monde organisée en 1987 en Australie et en Nouvelle-Zélande, il n’y a pas toujours eu, loin de là, de lien direct entre les résultats du début d’année et ceux de l’automne quand les meilleures équipes de la planète se retrouvent réunies sur un même lieu. En 2011, le XV de France, alors piloté par Marc Lièvremont, coach au moins aussi discuté que peut l’être Philippe Saint-André ces temps-ci, avait fini le Tournoi des VI Nations à la deuxième place, mais avec des bleus à l’âme. Sa défaite encaissée face à l’Italie à Rome -une première dans le Tournoi- avait été jugée comme une humiliation et avait laissé des traces profondes que le succès, quelques jours plus tard, contre le Pays de Galles n’avait pas réussi à cicatriser. «Nous avons donné raison à nos détracteurs», avait concédé Marc Lièvremont sur le moment (il ne se souvient plus de cette phrase en 2015), conscient que le jeu produit par ses hommes n’était peut-être pas de taille à pouvoir menacer les nations du Sud en septembre-octobre lors du sommet du rugby aux antipodes.

Et pourtant, il s’en faudra de seulement deux points pour l’équipe de France battue 8-7 en finale de la Coupe du monde par la Nouvelle-Zélande et si proche de la consécration planétaire. A l’inverse, l’équipe d’Angleterre, couronnée dans le Tournoi des VI nations et victorieuse de la France à Twickenham sur le score de 17-9, fut aussi sèchement dominée (19-12) par cette même équipe de France en quarts de finale de cette Coupe du monde 2011.

Pis, en 1999, le XV de France, qui avait pourtant signé deux Grands Chelems consécutifs en 1997 et 1998, n’avait pu éviter la dernière place du Tournoi qui n’était alors que des V nations. «La faillite, les voilà», avait même titré L’Equipe au lendemain d’une défaite à domicile contre l’Ecosse, promise à la cuiller de bois en début de Tournoi, mais triomphante quand le printemps fut venu. Le plan de jeu, élaboré par les entraîneurs de l’époque Jean-Claude Skrela et Pierre Villepreux en liaison avec Jo Maso, le manager général, avait été jugé stéréotypé et taillé en pièces. Ce groupe, épuisé et sans âme selon certains commentaires peu amènes, n’avait à l’évidence rien à prétendre lors de la Coupe du monde organisée au Royaume-Uni entre octobre et novembre. Et pourtant, le XV de France s’était invité en finale face à l’Australie à l’issue d’une demi-finale tonitruante enlevée haut la main face à la Nouvelle-Zélande et restée dans toutes les mémoires.

Heureusement, il est arrivé, bien sûr, que la logique issue du Tournoi soit, peu ou prou, confirmée plus tard en Coupe du monde. La France avait ainsi eu la main sur le Tournoi en 1987 quelques mois avant de disputer la première de ses trois finales de Coupe du monde. En 2003, l’Angleterre avait, elle, signé le 12e Grand Chelem de son histoire puis, à l’automne, s’en était allée conquérir le Trophée Webb Ellis à Sydney.

Le premier match du Tournoi donne le tempo

Pour Marc Lièvremont comme pour Jo Maso, le premier match du Tournoi est peut-être le plus important de tous et revêt une importance capitale pour la suite des événements au-delà du seul Tournoi. «Il donne le tempo et, en cas de victoire, vous place sur une vraie dynamique qui donne confiance au staff, aux joueurs, comme aux observateurs, juge Marc Lièvremont. Il valide vos choix.»

Toujours au plus près du XV de France, Jo Maso estime, lui, «qu’un premier succès permet de positiver.» Il ajoute:

«Nous savons qu’il y a des questions permanentes autour de XV de France. Alors un premier signe encourageant n’est pas négligeable

Mais quand tout va mal comme en 1999, ou pas comme on le voudrait comme en 2011, il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur et laisser passer l’orage. «J’avais des convictions et le Tournoi, aussi moyen soit-il en 2011, ne les a pas remises en question, analyse Marc Lièvremont. Dans ma tête, la sélection pour la Coupe du monde était faite à 85-90%. Le Tournoi m’a permis d’affiner et ce match de merde contre l’Italie n’a finalement pas eu une importance considérable.»

La grêle de critiques, tombée après le si décevant Tournoi 1999, n’a pas davantage perturbé Jo Maso. «Le plus important dans le processus d’une Coupe du monde reste la période de préparation avant la compétition, précise-t-il. Le Tournoi appartient déjà à un passé lointain.» Pour la paix des esprits et pour le calme des nuits de Philippe Saint-André, désormais épaulé par Serge Blanco, un bon résultat ne serait toutefois pas du luxe dans un contexte de défiance relative. En 2011, Marc Lièvremont avait été «protégé» par le Grand Chelem de ses troupes en 2010. Quatre ans plus tard, Philippe Saint-André ne dispose pas d’une telle armure…

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