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Quand le Venezuela fait la promotion du tourisme avec une photo d'un journaliste placé en détention

Temps de lecture : 2 min

Des photographes durant une manifestation anti-gouvernementale à Caracas le 2 mars 2014. REUTERS/Jorge Silva.
Des photographes durant une manifestation anti-gouvernementale à Caracas le 2 mars 2014. REUTERS/Jorge Silva.

C’est ce qu’on appelle un beau Twitter fail. Celui-ci nous vient de la télévision publique vénézuélienne, qui a lancé une campagne visant à promouvoir le pays il y a quelques semaines dans laquelle elle tweete des images ensoleillées sous le hashtag #AmamosAVenezuela («nous aimons le Venezuela»).

Jusque-là, tout va bien. Sauf que la machine dérape la semaine dernière, quand Telesur tweete une image du journaliste américain Jim Wyss, qui travaille pour le Miami Herald, avec le sous titre «Nous aimons le Venezuela parce que nous accueillons les étrangers comme si ils étaient des nôtres.»

Problème, rapporte le Washington Post, cette photo a été prise à l’aéroport international de Miami en 2013 après que Jim Wyss avait été détenu par les services d’immigration du Venezuela pendant 48 heures.

Comme l’explique le Miami Herald, JimWyss couvrait à l’époque une histoire de contrebande entre le Venezuela et la Colombie. C'est là que le journaliste avait été arrêté par des militaires, officiellement parce qu’il ne possédait pas «d’accréditation médiatique appropriée». S’ensuit alors une garde à vue de deux jours pendant laquelle Wyss sera interrogé sur ses contacts et ses activités sur le territoire.

Selon le New York Times, le journaliste américain a tout de même pu revenir à Bogota en 2013 et reprendre ses fonctions de correspondant en Colombie pour le Miami Herald.

Le tweet incriminé a depuis été supprimé, mais Jim Wyss a expliqué à la BBC ne pas avoir apprécié la démarche de la télévision publique:

«Je ne sais si c’était un accident ou si quelqu’un à Telesur a juste un sens de l’humour particulièrement affuté. Ils l’ont retiré de Twitter et de leur site Internet, donc je suppose que c’était un accident.»

Contacté par la BBC et le Miami Herald, Telesur s’est pour l’instant refusée à tout commentaire.

Comme le rappelle le Washington Post, Jim Wyss n’est pas le seul journaliste à avoir eu des problèmes avec les autorités vénézuéliennes. Le pays d’Amérique latine se classe à la 116e position au dernier classement mondial de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières.

Le Comité pour la protection des journalistes dénonçait également il y a un an «la détention de six journalistes locaux» ainsi que l’agression par des manifestants pro-gouvernement de reporters pendant des manifestations datant de mars 2014.

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