Arthur Rimbaud, l'impossible héritage marseillais
Culture / Société

Arthur Rimbaud, l'impossible héritage marseillais

Temps de lecture : 25 min
Jérémy Collado Jérémy Collado

On l'évoque peu mais c'est à Marseille que le poète est mort, après une succession de voyages interrompus par la maladie. Ici, il fut de passage, toujours en départ; et certains lieux en portent encore la trace, vaguement récupérée par certains acteurs locaux. Voyage dans les pas d'un voyageur qui, pour certains, aurait pu vivre à Marseille.

À Marseille

1.Un voyageur malade

On peut reprocher beaucoup de choses à Philippe Sollers, mais pas son ironie mordante. En avril 2010, lorsque deux libraires découvrent, par hasard, une photo inédite et contestée où Rimbaud est censé poser devant «l'Hôtel de l'Univers» à Aden, il s'émmerveille dans sa chronique du JDD: «C'est une photo extraordinaire».

Sur le perron de l'Hôtel de l'Univers, à Aden, en 1880, via Wikipedia, License CC

Dans le microcosme rimbaldien, le cliché provoque un émoi et une polémique dont seul le milieu littéraire a le secret, dépassant largement le simple événement iconographique de passionnés. Des témoignages sont collectés. On tente alors de retracer les parcours de ces sept personnages assis autour de ces petits guéridons.

Jean-Jacques Lefrère, célèbre biographe de Rimbaud, se porte caution et mène l'enquête. Enfin, une méthode biométrique est même mise à profit par un mystérieux laboratoire de l'Université de Lyon pour authentifier les contours du visage de cet homme qu'on peine à reconnaître. La photo sera finalement vendue 150.000 euros le 15 avril 2010 lors du Salon international du livre ancien. La polémique, elle, est retombée; mais pas totalement éteinte.

Grâce à cet épisode, on retrouve une part de l'existence «fulgurante» de Rimbaud, qui n'a cessé de fuguer, de voyager, d'être en route tout au long de sa vie. Et surtout de diviser les commentateurs plus ou moins avisés de son œuvre et de sa vie.

Sollers:

«Tenez, le voici, ces jours-ci, poursuivant sa vie fantomatique, assis dans un coin du Café de Flore, à Paris. Il est en train de lire, avec un imperceptible sourire un peu égaré, le journal Le Monde. Il passe complètement inaperçu».

Rimbaud fut partout et nulle part à la fois. Toujours en départ.

Dans la deuxième partie de sa vie, où il abandonna l'aventure poétique pour celle d'aventurier et de marchand, il séjourna plusieurs fois à Marseille. Il faut dire qu'au XIXe siècle, c'est un carrefour de tous les continents: il grouille de voyageurs, de marchands, de militaires et de voyous attirés par l'argent. C'est même l'un des principaux ports de commerce de la Méditerranée. «C'est simple: dès que Rimbaud voulait aller au Moyen-Orient, il n'y avait en France qu'un seul port où des bateaux se rendaient en Égypte. Et c'était Marseille, affirme Jean-Baptiste Baronian, qui a dirigé le Dictionnaire Rimbaud, publié en 2014 aux éditions Robert Laffont, et dont la notice sur Marseille, écrite par Aurélia Cervoni, donne de nombreuses informations sur cette période: «Son rapport à Marseille n'est donc pas lié à des circonstances littéraires ou amicales, mais elles sont de type purement pratique».

Ce n'est pas un rapport affectif avec la ville

Jean-Luc Steinmetz

«Ce n'est pas un rapport affectif avec la ville», confirme Jean-Luc Steinmetz, dont la biographie de Rimbaud, Une question de présence, paru chez Taillandier, en est à sa quatrième édition:

«Rimbaud étant un voyageur, il était obligé de passer par Marseille!».

Plus qu'un point de rencontre affectueux ou sensible, Marseille est donc une ville qui compte «géographiquement» dans la vie de Rimbaud. «Il a l'esprit du voyageur. Or pour les voyageurs de l'époque, voyager c'est prendre le bateau», indique André Guyaux, professeur de littérature française à la Sorbonne, qui a notamment travaillé sur les Illuminations.

À l'automne 1879, Rimbaud est à Roche dans la maison familiale proche de Charleville, malade et impatient. Il décide de partir avec l'objectif d'embarquer vers Alexandrie. Mais c'est un faux départ. Il arrive à Marseille fiévreux, décharge des bateaux. Le gamin encore frêle et fragile doit rebrousser chemin et revenir, encore une fois, à Roche, où le froid et la pluie l'attendent. «Sa vie est une succession d'allers-retours», pointe Arnaud Maisetti, écrivain et maître de conférences à l'Université d'Aix-Marseille Provence, devant son café allongé, près de la Place Castellane à Marseille, alors que la ville est plongée dans une belle lumière d'automne. C'est une véritable malédiction pour Rimbaud, qui ne se résoud pas à rester dans le Nord.

L'écrivain Ernest Delahaye lui rend alors visite. Il raconte la transformation de son ami:

«Je ne reconnus d'abord que ses yeux si extraordinairement beaux! -à l'iris bleu clair entouré d'un anneau plus foncé, couleur pervenche. Les joues, autrefois rondes, s'étaient creusées, équarries, durcies. La fraîche carnation d'enfant anglais qu'il conserva longtemps avait fait place dans cet intervalle de deux années au teint sombre d'un Kabyle».

Rimbaud dessiné dans une lettre d’Ernest Delahaye adressée à Verlaine, en 1875 Via Wikipédia. License CC

C'est désormais un homme qu'il a en face de lui. Un homme faible, certes, mais déjà métamorphosé par les voyages:

«Le soir, après dîner, je me risquais à lui demander s'il pensait toujours... à la littérature. Il eut alors, en secouant la tête, un petit rire mi-amusé, mi-agacé, comme si je lui eusse dit: "Est-ce que tu joues encore au cerceau?" et répondit simplement: "Je ne m'occupe plus de çà"».

Puis c'est l'hiver, rude, dans les Ardennes, que Rimbaud ne supporte pas. Amoureux du soleil, il s'enfonce dans son malheur...

La découverte

C'est quatre ans plus tôt que Rimbaud a découvert Marseille pour la première fois. Nous sommes en 1875. Il a vingt ans, vient de dire «Adieu» à la poésie et ainsi de clôre un cycle d'écriture qui n'aura duré que six petites années. C'est aussi le début d'un cycle d'errances.

Marseille, cette «Porte du Sud», comme l'immortalisera Albert Londres, est une ville à son image. Elle bouillonne.

«C’est un port, l’un des plus beaux du bord des eaux. Il est illustre sur tous les parallèles. À tout instant du jour et de la nuit, des bateaux labourent pour lui au plus loin des mers. Il est l’un des grands seigneurs du large. Phare français, il balaye de sa lumière les cinq parties de la terre», prophétise l'écrivain et journaliste.

Quelques semaines avant son arrivée à Marseille, Rimbaud vient d'être embauché comme précepteur à Stuttgart, en Allemagne. À peine sorti de prison, Verlaine va le rejoindre; mais après deux jours, les amants se séparent. Rimbaud se remet en route et arrive en Italie aux alentours de mai-juin 1875.

Comme souvent, il va tomber malade. Sur la route de Livourne, à Sienne plus précisément, il est victime d'une «insolation», sera soigné sur place puis rapatrié par le consulat français, à qui il fait appel. C'est là qu'il est rapatrié à Marseille, via le vaisseau «Général Paoli». Sa première rencontre avec la ville est celle d'une désolation. «Sur cette période, on ne sait pas trop ce qu'il fait. Il y a de nombreuses périodes d'incertudes. Dans ce cas là, mieux vaut ne pas tenter de remplir le vide par trop d'hypothèses», prévient Jean-Luc Steinmetz, biographe averti du poète et voyageur.

On découvre alors à cette époque un autre homme. Comme si le véritable Rimbaud se faisait jour derrière le mythe du poète romantique que certains commentateurs ont ensuite transmis au monde entier par des légendes successives.

Durant cette période de voyage, la correspondance de Rimbaud révèle un garçon plutôt médiocre, qui craint en permanence d'être arrêté par les gendarmes, car n'ayant pas fait son service militaire; et qui est obsédé par l'argent.

Il a laissé tomber la littérature car il s'est rendu compte qu'elle n'avait pas les pouvoirs qu'il croyait pour modifier le réel

Steinmetz

«C'est faux, il n'est pas totalement obnubilé par l'argent, nuance Jean-Luc Steinmetz, qui publiera en février 2015 chez Garnier Flammarion la correspondance de Rimbaud, qui vient corroborer son constat. C'est plutôt un homme pratique: à Marseille, il a laissé tomber la littérature car il s'est rendu compte qu'elle n'avait pas les pouvoirs qu'il croyait pour modifier le réel ».

Terminés en effet les délires poétiques, l'ivresse de l'absurde, l'immaturité éclatante. Le poète se recompose, se réinvente une nouvelle vie; et Marseille semble au carrefour de cette nouvelle épopée.

2.Un inadapté social, vraiment?

Après avoir jeté aux orties son ambition poétique, Rimbaud va s'engager vers une toute autre vie. Celle de négociant, de marchand, qui le mènera vers Harar (l'actuelle Éthiopie) et Aden (au Yémen), deux lieux très importants dans la mythologie rimbaldienne. Il y vivra sans grand luxe, dépouillé d'une civilisation occidentale qu'il rejette.

Carte schématique des itinéraires de Rimbaud en Éthiopie (1880-1891) Via Wikipédia, License CC

Et Marseille, dans tout ça, est une sorte de pied de nez à une société dans laquelle Rimbaud ne veut pas s'intégrer. Jacques Bienvenu, docteur ès lettres et spécialiste de Rimbaud confirme:

«Rimbaud était un inadapté social en Europe; et il était libre en Afrique. Là-bas, il ne cherchait pas du tout la présence des Européens: il préférait la présence des locaux. On a des témoignages de l'explorateur marseillais Jules Borély, qui l'a rencontré lorsque Rimbaud allait livrer des armes au roi Ménélik. Celui ci notait que Rimbaud était un voyageur accompli, qu'il s'était beaucoup mieux adapté là où il n'y avait pas la civilisation. Ses affaires marchaient bien, d'ailleurs. Mon hypothèse, c'est que s'il était rentré en France, il ne serait pas revenu dans les Ardennes, il aurait habité Marseille pour faire des affaires».

Jean-Luc Steinmetz, lui, ne croit pas à cette possibilité du «retour»:

Rimbaud fut génie en poésie puis en affaires

Steinmetz

«Contrairement à ce que l'on dit parfois, c'était quelqu'un qui s'adaptait bien au réel. Il fut génie en poésie puis en affaires: il vivait comme l'homme moderne de l'époque. Il a été contraint d'être aventurier; mais son rêve était d'avoir un fils ingénieur. Ça renvoie à l'imaginaire de Jules Verne. Aujourd'hui, un père rêverait que son fils devienne un génie en informatique! On voit uniquement Rimbaud comme écrivain et aventurier, mais on ne sait pas faire la jonction entre les deux. Je ne pense pas qu'il aurait pu revenir vivre paisiblement en France».

Finalement, l'endroit qu'il fréquente le plus souvent reste... Roche, dans les Ardennes. Malgré ses relations difficiles avec sa famille, il y retourne toujours, comme aspiré par un déterminisme. Certes, les retours de Rimbaud «là-haut» sont presque exclusivement synonymes de maladie. Il n'a jamais le choix de revenir: il y est toujours contraint. Pendant ses voyages, la sécheresse et la soif l'ont émacié, vieilli; et il semble pâle comme l'écume des mers qu'il a traversées. Mais il semble que Rimbaud n'est libre qu'à l'étranger, au soleil. Et pour ça, il faut passer par Marseille.

Sa seule rencontre avec le milieu littéraire marseillais s'incarne en la personne de Laurent de Gavoty. Directeur en 1889 d'un bimensuel de quatre pages, La France moderne, «il est entré à son insu dans la mythologie rimbaldienne par le seul fait d'avoir écrit la dernière lettre littéraire reçue par Rimbaud», écrit Jean-Baptiste Baronian dans son Dictionnaire Rimbaud.

Datée du 17 juillet 1890, la lettre remercie Rimbaud pour ses «beaux vers», et sera conservée par Rimbaud. Pourquoi? Était-il flatté par ces louanges? Éspérait-il y donner suite? Mystère.

Gavoty ne publiera rien de Rimbaud, qui garda peut être, contrairement à l'homogéneité des commentaires sur son dégoût pour sa vie d'avant, une légère nostalgie pour ses années poétiques de jeunesse. «Marseille se trouve dans un hors champ littéraire, confirme Baronian. La ville représente le large pour lui. Ici, il ne cherche pas d'emploi, la seule chose qui l'intéresse c'est d'aller vers Chypre ou au Canal de Suez».

C'est un certain Alfred Bardey qui emploie Rimbaud dans la deuxième partie de sa vie. Il restera toujours mystérieux sur leurs relations. Esprit indépendant et marchand «aussi honnête qu'un marchand peut l'être», comme le décrit Jean-Michel Cornu de Lenclos, éditeur et écrivain qui a retracé le parcours de cet homme; il prenait parfois à Bardey, qui se rendait régulièrement à la messe à Harar, de questionner Rimbaud sur son œuvre. Ce dernier lui répondait, cinglant: «absurde, ridicule, dégoûtant, etc.». Bardey voyait en Rimbaud un homme qui «fut souvent utopiste».

Malgré des différends et une brouille qui vit Rimbaud rompre son contrat avec le marchand sans donner de préavis, les deux hommes ont toujours conservé des relations d'affaires. Ils se voient d'ailleurs une dernière fois, à Marseille, à l'Hôpital de la Conception, où Rimbaud passera ses derniers jours et surtout la majorité de son temps lorsqu'il logera à Marseille.

Il y a un fond de révolte chez Rimbaud

Steinmetz

«Il y a un fond de révolte chez Rimbaud mais cela ne veut pas dire qu'il ne sait pas s'adapter. Il fait preuve d'un sens du réalisme: c'est ce que montre la deuxième partie de sa vie... Il ne sait pas toujours où il veut aller, il traverse des périodes d'incertitude, mais il sait s'adapter», conclut Jean-Luc Steinmetz.

Tant est si bien que la Société de géographie prendra ses récits au sérieux, lui accordant même le crédit d'avoir découvert certaines parties encore inconnues du globe.

3.Amputation, «conversion» et mort à la Conception

20 mai 1891. Depuis quelques heures, un voyageur est arrivé à Marseille. C'est son avant-dernier passage, en provenance d'Harar.

Rimbaud à Harar, «dans un jardin de bananes», en 1883. Via Wikipédia License CC.

Il a rejoint la ville en bateau à vapeur après douze jours de traversée à bord de l'«Amazone», un paquebot des Messageries maritimes. Il est aussitôt admis à l'Hôpital de la Conception, Boulevard Baille dans le Ve arrondissement, avec ce diagnostic inquiétant: «néoplasme de la cuisse».

Sur le billet de salle délivré par l'institution, on peut lire l'âge du patient, «36 ans», sa profession, «négociant», et son nom mal orthographié: Le médecin qui a signé le billet a écrit «Raimbaud» d'une écriture illisible.

La légende veut que ce soit Rimbaud lui même qui ai donné ce faux nom au personnel de l'hôpital, craignant d'être arrêté pour avoir déserté. «Il faut se souvenir qu'il était surement sous l'effet d'opiacés», ironise le Professeur Yves Baille, membre fondateur du conservatoire du Patrimoine médical de Marseille et rimbaldien à ses heures perdues, qui peine à distinguer le vrai du faux dans cette histoire. Pour toute adresse, il est noté «de passage», comme il le fut durant toute sa vie.

Arthur Rimbaud est admis comme pensionnaire pour dix francs par jour. Sa sortie est prévue pour le 23 juillet mais son état se détériore très rapidement, ce qui surprend les médecins.

Dès le lendemain de son arrivée, le 21 mai, il prend la plume et écrit à sa famille, conscient de son état:

« Je suis mal, très mal. Je suis réduit à l'état de squelette par cette maladie de ma jambe droite qui est devenue à présent énorme et ressemble à une grosse citrouille».

Il sait qu'il risque l'opération et ne s'en cache pas. Il veut que sa mère et sa sœur le rejoignent. La suite est sinistre. Tout ne fait qu'empirer. C'est la raison pour laquelle le lendemain, les docteurs Nicolas et Pluyette décident de procéder à l'amputation. «Les suites opératoires sont normales, mais Arthur Rimbaud supporte très mal la situation. Il souffre d’une forte névralgie à la place de la jambe coupé», écrivent les Professeurs Yves Baille et Georges François, qui retracent le récit de cette opération pour «l'Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille», grâce à laquelle nous avons accès à de nombreux détails.

L'établissement a réussi à conserver une pièce: l'acte de décès. «Autrement, l'Hôpital n'a rien conservé, nous apprend le Professeur Baille, dans une salle de la Conception où sont contenues toutes les archives collectées sur le célèbre malade. On a une photo de la petite cour sur laquelle donnait le pavillon des officiers; et l'on suppose que la chambre de Rimbaud donnait sur cette cour».

Je ne fais que pleurer jour et nuit

Rimbaud

«Je ne fais que pleurer jour et nuit, je suis un homme mort, estropié pour toute ma vie», se lamente Rimbaud, plongé dans le désarroi le plus total. Lui qui espérait repartir vite vers l'Afrique vit alors ses derniers jours. À cet instant, il se demande à quoi bon vivre: «Pour quoi donc existons-nous?».

Sa sœur Isabelle et sa mère vont donc le rejoindre à Marseille. On ne sait pas bien où elles séjournent mais la famille Rimbaud est plutôt aisée, issue d'une lignée de propriétaires terriens. Ce sont des fermiers au sens noble du terme; ils détiennent donc quelques sous. Sont-ils allés à l'hôtel? On ne sait pas.

Le 28 octobre 1891, Isabelle fait parvenir à leur mère une lettre au ton mystique. Elle débute par ces mots: «Dieu soit mille fois béni! J'ai éprouvé dimanche le plus grand bonheur que je puisse avoir en ce monde. Ce n'est plus un pauvre malheureux réprouvé qui va mourir près de moi: c'est un juste, un saint, un martyr, un élu!».

Curieuse rédemption pour un homme qui a chassé Dieu durant toute sa vie, et se retrouverait à la fin de son existence paré des habits du dévot qui lui vont si mal. Isabelle raconte comment les aumôniers qui ont rendu visite à son frère lui ont assuré qu'il avait «la foi»:

«Je n'ai même jamais vu de foi de cette qualité!», s'emporte un des prêtres soi-disant dépéchés pour couvrir le malade de bonnes paroles. «Il ne blashpème plus jamais; il appelle le Christ en croix, et il prie. Oui, il prie, lui!», s'enthousiasme la bigote.

Que s'est-il passé depuis son arrivée à l'hôpital pour que soudain, l'homme se convertisse? Jean-Luc Steinmetz prévient tout amalgame:

«On peut dire qu'il y a eu confession. Mais le mot de conversion est un peu fort... Ceux qui disent que c'est impossible devraient réfléchir à cet homme arrivé à bout, entouré d'aumôniers, bourré de morphine, qui en est arrivé à une extrémité. Je pense que Rimbaud a sans doute fait un retour».

Dans la tradition juive, on parle de «techouva», une sorte de retour critique sur ses fautes et sur soi même, qui déclenchera le salut collectif et individuel. D'autres spécialistes mettent en avant le rôle d'Isabelle: Rimbaud a-t-il pu opérer ce retour pour lui faire «plaisir»? Ce n'est pas à exclure. «Quoi qu'il en soit, Rimbaud est un héritage précédé d'aucun testament –pour paraphraser René Char*. Sa sœur et Claudel ont essayé d'en faire un auteur catholique, mais c'est peine perdue», estime Arnaud Maisetti. Jacques Bienvenu poursuit:

«Le rôle de sa sœur est ambiguë et suscite une controverse: d'un côté elle dit que son frère s'est converti au dernier moment, ce que dément l'écrivain marseillais André Suarès, le premier. Il se trouve que les lettres de Rimbaud ont été recopiées après sa mort. Mais d'un autre côté c'est dur de dire qu'elle a menti car c'était un pêché pour cette catholique très croyante... Ce qu'on sait, c'est que sur son lit de mort, Rimbaud répétait 'Allah Kerim': c'était ce que les mendiants disaient quand ils étaient mals, ils imploraient Dieu pour être sauvés».

Un Dieu qui n'est pas forcément celui des chrétiens mais plutôt un Dieu mystique, teinté d'Islam...

C'est un paradoxe: Marseille a été simplement pour lui une ville de transit... sauf pour sa mort!

Jean-Baptiste Baronian

À la fin de sa vie, Rimbaud inspire un immense sentiment de vide. Il termine cloué à son lit, alors qu'il rêve toujours d'évasion; et pense encore qu'il repartira bientôt, guéri de tous ses maux. «C'est un paradoxe: Marseille a été simplement pour lui une ville de transit... sauf pour sa mort!», relève Jean-Baptiste Baronian, qui ajoute:

«La ville en elle même n'a pas beaucoup d'intérêt pour lui: dans sa correspondance, il ne la décrit jamais».

Et pour cause, l'un des seuls lieux qu'il aura connu là-bas, c'est l'Hôpital de la Conception. «Marseille telle qu'il l'éprouve, c'est en tant qu'individu très malade qui va perdre la mobilité qui lui était si chère. Il est absolument fixé à Marseille! Mais il veut quand même en partir! C'était un homme incapable d'être sédentaire», explique Steinmetz, qui précise: «Il va si souvent à l'Hôpital qu'à la fin, il finit par connaître tous les noms du personnel hospitalier. Finalement Marseille ne se présente pas à ses yeux sous un jour très gai. Il fréquente un peu des milieux interlopes, proches des militaires, mais très peu le milieu littéraire».

Rimbaud a voulu atteindre un «long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens», par l'usage de drogues et d'alcools en tous genres, mais cette vie d'excès le poussera vers la fin dans une éreintante désynchronisation de son corps. Être infirme; voilà la plus douloureuse condamnation pour un éternel vagabond. Il aura traversé la vie perclus de maladies car il s'est toujours assigné une hygiène de vie déplorable.

Après son amputation, Rimbaud quitte la Conception le 23 juillet 1891, s'en retourne voir sa famille dans les Ardennes. Le sommeil le quitte, les promenades en calèche sont infructueuses: il ne se remet pas (comment le pourrait-il?). Il préfère alors quitter la pluie du Nord et revenir encore à Marseille, un mois après son départ, le 23 août; pour «essayer de guérir», espère-t-il. Cette fois, ce sera son dernier voyage.

«Le retour à Roche en juillet avait déjà été un immense trajet. Ce qui est étonnant, c'est qu'il prend la décision de repartir seulement quelques semaines plus tard», reconstitue Jean-Luc Steinmetz:

«L'idée de revenir à Marseille est proche du délire: c'est l'idée de rejoindre Aden; mais ce n'est pas possible».

«Finalement on ne connait pas le nombre de passages successifs de Rimbaud à Marseille (Un en 1875, puis en septembre 1877, à l'autome 1879 et en mai 1879, puis en mars 1880, ndlr). Mais la seule certitude, c'est qu'il est venu ici y mourir...», rappelle André Guyaux.

Accompagné de sa sœur Isabelle, il prend le fameux PLM, pour «Paris-Lyon-Marseille». «C'était une des premières lignes de train, privées, créée en 1860», raconte Jean-Baptiste Baronian. «On peut supposer qu'il l'a utilisé pour la première fois en 1880, mais c'est une hypothèse. Ces trains avaient trois classes et la première fois, il a sans doute voyagé dans la dernière classe. Mais pour son dernier voyage, il a utilisé la première classe car il avait amassé beaucoup d'argent: il voyageait même avec une ceinture sertie d'or!».

Après ce long voyage en train, il revient épuisé et débarque presque directement à la Conception, où il est hospitalisé le 24 août. C'est comme s'il devait mourir ici, dans cette ville qui est le miroir inversé de Charleville. «Ma vie est passée, je ne suis qu'un tronçon immobile», écrivait-il quelques semaines auparavant. Puis ce sont les hallucinations, l'agitation. La veille de sa mort, il dicte à Isabelle un dernier mot mystérieux, à l'attention du directeur des Messageries maritimes:

«Je viens vous demander si je n'ai rien laissé à votre compte. Je suis complètement paralysé: donc je désire me trouver de bonne heure à bord. Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord....».

«Dans sa dernière lettre, il fait une énumération de dents: mon hypothèse, c'est qu'il parlait de défenses d'éléphant», croit savoir Steinmetz.

Arthur Rimbaud mourant dessiné par sa soeur Isabelle (dessin original perdu), 1re publication en page 5 du troisième article intitulé Rimbaud, publié par Paterne Berrichon dans La Revue Blanche du 1er septembre 1897. Via Wikipédia, License CC

Rimbaud est resté marchand jusqu'à son dernier souffle. Et l'espoir de repartir ne l'a jamais quitté. Soulagé par la morphine, il va ensuite s'endormir, perdre conscience, et mourir le 10 novembre. Sa dépouille, elle, voyagera encore une dernière fois... vers Charleville, où il est enterré dans le caveau familial.

4.Le paradoxe de l'héritage marseillais

Avec près de 15 millions de voyageurs par an, la gare de Marseille Saint-Charles est l'une des plus importantes de province. Elle dessert les nombreuses villes du département; et permet de rejoindre Paris en trois heures. En 1814, les voyageurs en diligence effectuaient ce voyage en 112 heures. Grâce aux chemins de fer, qui ont pris du retard en France à cause des guerres napoléoniennes, le trajet devient dix fois moins long en 1893: environ 14 heures tout de même. C'est sûrement le temps que mettait Rimbaud pour rejoindre le sud via le PLM, le célèbre Paris-Lyon-Marseille.

Tableau «Wagons de chemin de fer» d'août 1888 de Vincent Van Gogh, représentant la ligne Paris-Lyon-Marseille. Via Wikipédia, License CC

Plus d'un siècle plus tard, à peine descendue de son train, Patti Smith mitraille la ville du haut des marches de l'escalier monumental qui permet d'accéder au parvis de la gare marseillaise. Avec son vieux Polaroïd à soufflet et son tshirt beige à l'effigie d'Arthur Rimbaud, on croit distinguer une touriste emmerveillée par la beauté des lieux, image surannée au milieu d'une marée d'admirateurs en liesse. Ce lundi 7 novembre 2011, la chanteuse américaine vient inaugurer en grande pompe une... salle d'attente en l'honneur du poète, mort à Marseille il y a exactement 120 ans.

«Il y avait beaucoup de monde, ça a provoqué une cohue assez énorme», se souvient Jacques Bienvenu, qui coordonnait ce grand raout et habite à Marseille, d'où il tient un blog consacré exclusivement au poète. «Mais inutile de vous dire que les gens étaient surtout là pour voir Patti Smith, pas pour Arthur Rimbaud...», regrette-t-il.

Aujourd'hui, il ne reste de cette salle d'attente que quelques coupures de presse. L'exercice de «récupération» qui s'opère à propos de ce qui touche à l'oeuvre ou à la biographie d'Arthur Rimbaud est paradoxal. À Marseille, quelques indices sont disséminés dans la ville et rappellent la présence du poète: une plaque en marbre dans le hall de l'Hôpital de la Conception où sont gravés des vers de Rimbaud, une sculpture sur les plages du Prado, ou encore un collège de 470 élèves qui porte son nom, dans les quartiers Nord de la ville.

Rimbaud voulait se défaire de ses origines. Sa vie exprime le refus de tout héritage. Le célébrer à Marseille, c'est tenter de le relocaliser.

Arnaud Maisetti

Pour Arnaud Maisetti, écrivain et maître de conférences à l'Université d'Aix-Marseille, l'idée même de célébrer «l'homme» plus que sa pensée est «terrifiant». Il reprend en cela certaines critiques du monde littéraire sur le «biographisme», qui tente de sortir du texte pour expliquer celui-ci par la vie de l'auteur:

«Passer par l'homme pour transmettre une pensée, c'est très réducteur, juge-t-il. Rimbaud voulait se défaire de ses origines. Sa vie exprime le refus de tout héritage. Le célébrer à Marseille, c'est tenter de le relocaliser, alors que lui s'est opposé à toute fixité».

Il existe à Marseille plusieurs lieux qui portent trace des passages de Rimbaud, mais peu sont véritablement connus. Autant il existe un «tourisme rimbaldien» à Charleville, le poète n'est pas spécialement mis en valeur. À la Belle de Mai ou dans le Panier, quelques graffitis en couleur ornent les murs gris des rues de ces quartiers populaires de Marseille: «On voit bien ce qu'il y a de marketing dans cette démarche, juge Arnaud Maisetti. Marseille aime parfois se complaire dans ce cliché qui lui colle à la peau, celle d'une ville belle, rebelle; mais ça n'est qu'une image dont on pense qu'elle correspond aussi à Rimbaud. Or contrairement à ce que beaucoup disent, Rimbaud ne fut pas un poète adolescent simplement rebelle. Il fut beaucoup plus que cela. Il était en dehors du champ», convainc-t-il.

«La mairie s'en fout»

À la mairie, il est ainsi impossible de trouver un interlocuteur pour évoquer Rimbaud. On dérive dans l'organigramme municipal sans plus savoir à qui on s'adresse. «Je ne sais absolument pas ce que fait la ville à propos de Rimbaud, mais alors pas du tout!», admet un interlocuteur des services culturels. Entre la préparation de la Biennale internationale des arts du cirque 2015 et l'héritage disséminé de la Capitale européenne de la culture, les services municipaux ont assez à faire...

«En réalité, la mairie s'en fout complètement», juge un des acteurs locaux de ce milieu rimbaldien à Marseille. Ce n'est pas vraiment l'avis du Professeur Yves Baille, membre fondateur du conservatoire du Patrimoine médical de Marseille: «J'ai plutôt le sentiment que le rapport entre Marseille et Rimbaud n'est pas évident. Si je n'étais pas un marseillais de naissance, je dirais que Rimbaud est un trésor national... et que la ville a tenté d'en capter sa part!», rigole-t-il, la bouche pleine d'accent.

L'étrange sculpture du Prado

La dernière véritable influence de la mairie sur l'héritage rimbaldien s'étend près des plages du Prado, au milieu du parc balnéaire. Dans ces quartiers sud de Marseille trône une sculpture étrange de Jean Amado, inaugurée le 28 janvier 1989. L'oeuvre est une commande publique conjointe de la ville de Marseille et du Ministère de la Culture de l'époque, sous le second septennat de François Mitterrand. À l'époque, le maire s'appelle Robert-Paul Vigouroux. Il a remplacé Gaston Defferre, l'historique maire de Marseille, mort trois ans plus tôt, après avoir été son adjoint et son suppléant. Professeur de médecine et chef de service au CHU de La Timone, c'est un acteur de la «société civile», mitterrandien, qui bénéficiera de l'appui de l'Élysée pour ravir la mairie au nez et à la barbe du patron du PS local Michel Pezet, ancien «dauphin» de Gaston Defferre.

Aujourd'hui, on peine à distinguer la sculpture derrière les haies. Cette œuvre en «béton de basalte», qui mesure onze mètres de long et culmine pourtant à près de 5 mètres de haut, est plantée sur une petite butte de terre, quasiment à l'abri des regards: «C'est une étrange sculpture, peu remarquée parce que peu visible», fait remarquer Ronald Bonan, agrégé de philosophie et professeur au lycée Vauvenargues d'Aix-en-Provence.

«Personne, ou presque, ne sait que ce monument est en l'honneur de Rimbaud, assure Arnaud Maisetti, qui ne s'en plaint d'ailleurs pas outre mesure. De toute façon, Rimbaud en aurait été scandalisé! Il refusait d'avoir été poète; il disait sur sa période d'écrivain qu'il n'avait écrit que de la cochonnerie». D'ailleurs lorsqu'il découvre Marseille, Rimbaud n'est plus poète: il est devenu vagabond, voyageur au long cours; et sillone le monde entier depuis Marseille.

Surveillés au loin par les immenses villas du Roucas-Blanc, ces quelques cailloux ocres près des plages du Prado sont accompagnés d'une plaque sur laquelle sont gravés des extraits du «Bateau ivre», écrit en 1871 à l'âge de 17 ans et envoyé à Verlaine avant de le rejoindre à Paris. La sculpture est peu mentionnée dans les guides touristiques, encore moins dans les descriptions du patrimoine de la ville. «Comme si elle représentait un intérêt mineur, qu'elle était presque autre chose qu'une œuvre d'art», songe Ronald Bonan.

Les week-ends et surtout l'été, où ces plages sont envahies par les marseillais, les minots grimpent sur la sculpture, l'escaladent; et rivalisent d'imagination en inventant des batailles navales à n'en plus finir.

«En face d'un sculpture de Jean Amado, il faut accepter de se leurrer pour mieux jouer avec le jeu de l'imaginaire», explique le galeriste Alain Paire. Ce point ne fait plus aucun doute : les enfants s'arment de créativité face à un monument dont la source est inépuisable. «Personne n'interdit l'usage de ce monument comme un jeu pour enfants: et cela nous le rend précieux», croit savoir Ronald Bonan. Si on veut bien jouer le jeu, on peut effectivement s'embarquer pour ce voyage métaphorique et symbolique, précisément là où la mer et le soleil se mélangent, comme dans les vers du poète, puisque l'oeuvre s'ouvre sur l'étendue des eaux et du ciel. «Le Bateau ivre», 1871:

«Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur»

«Dans "Le Bateau ivre", Rimbaud décrit un bateau qui descend du Nord. Il évoque les blés flammands, la Meuse: pas vraiment l'exotisme de Marseille!», fait remarquer Jean-Luc Steinmetz, biographe de Rimbaud. Celui-ci interprète les vers sous la sculpture:

«Mais ce poème nous emmène beaucoup plus loin que tout port de départ. Tout le monde peut s'embarquer dans ce bateau ivre: c'est un voyage apparemment géographique mais en réalité, Rimbaud nous invite à un voyage métaphysique».

Ainsi transformé en «vaisseau de la voyance», la sculpture prend une toute autre dimension, mais elle en dit peu sur le rapport entre Rimbaud et Marseille. À cette époque, Rimbaud n'a encore rien connu du monde. Son «bateau» rempli de Peaux-Rouges, d'archipels et de fleuves est surtout le fruit de ses lectures (Jules Verne, Charles Baudelaire) plus que le reflet de ses expériences à travers le globe, qu'il n'a pas encore parcouru. À Marseille, le voyage s'arrêtera. Mais chacun peut le prolonger à travers cette sculpture.

5.Un héritage dispersé

Héritage précaire et approximatif, les traces que Rimbaud a laissé à Marseille lui ressemblent finalement autant que sa vie elle-même. C'est aussi ce qui motive ses admirateurs, dont Jacques Bienvenu, qui ne veut pas en rester là. Porté par la dynamique culturelle de l'évènement Capitale européenne de la culture, il veut désormais implanter un espace Rimbaud à l'Hôpital de la Conception, là où il organisa une conférence qui réunit près d'une centaine de personnes en novembre 2013, et là où Rimbaud est mort en 1891. Curieuse initiative que de créer un lieu de pélerinage dans un établissement qui porte les douleurs du poète et encore celles aujourd'hui des malades qui y sont soignés. Fruit d'un héritage forcément dispersé en raison de ses voyages, Rimbaud continue de diviser et de faire fantasmer. Dans le bon sens du terme.

Jean-Baptiste Baronian, à qui l'on doit le Dictionnaire Rimbaud, comprend la démarche de prolongement de cet héritage:

«L'Hôpital de la Conception existe toujours, c'est donc assez normal que certains veuillent transmettre son histoire là-bas. Et puis si l'on met bout à bout tous ses séjours ici, il aura passé près de six mois à Marseille. Pour un écrivain qui n'a laissé quasiment aucune trace, c'est quand même relativement important! Même à Paris ses lieux de passage ou de vie sont moins précis. Je comprends que les marseillais veulent lui rendre hommage. C'est comme si Victor Hugo était passé à Marseille. Rimbaud a un destin universel: Marseille peut donc en être fier!»

Jean-Luc Steinmetz, lui, fait remarquer que Marseille fut surtout un lieu de «souffrances inouïes» pour Rimbaud, qui ne fit qu'y passer sans trop s'y attarder.

«Les gens de l'hôpital étaient très contents quand je leur en ai parlé, confie Jacques Bienvenu, rimbauphile au volontarisme touchant. C'est quasiment certain que ça se fera. Ce sera très bon pour l'hôpital d'ailleurs. Et puis ça ne coûtera pratiquement rien», justifie-t-il, comme pour convaincre de nouveaux fidèles. Pour cela, il faudra surtout persuader la direction de l'Hôpital, ce qui n'est pas gagné. D'autant qu'à un moment, l'homme avait même le projet de surnommer l'Hôpital «Arthur Rimbaud»:

«Toutes ces décisions dépendent de la municipalité», tempère le Professeur Yves Baille, qui suit le projet d'un œil bienveillant. Certaines choses sont de l'ordre du fantasme! Avant, la Conception s'appelait même l'Immaculée Conception, en l'honneur de la Vierge...», fait-il remarquer. De là à lui donner le nom d'un athée notoire, il y a donc un pas énorme qui risquerait de fâcher certains marseillais attachés à leur patrimoine: «Ce serait lourd de conséquence politiques», reconnaît M. Baille.

Cet article a été mis à jour le 5/02/2015: des citations attribuées par erreur à Arnaud Maisetti ont été rendues à Jacques Bienvenu.

Une citation d'Arnaud Maisetti –celle qui contient la référence à René Char– a par ailleurs été modifiée à sa demande parce qu'il jugeait avoir fait un lapsus.

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