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Trezeguet, décisif chez les Bleus mais boudé pour sa retraite de footballeur

Temps de lecture : 3 min

David Trezeguet, lors d'un match face à l'Ecosse, le 7 septembre 2006. REUTERS/Jean-Paul Pélissier.
David Trezeguet, lors d'un match face à l'Ecosse, le 7 septembre 2006. REUTERS/Jean-Paul Pélissier.

Sale début de semaine pour les esthètes du football: ce lundi 26 janvier, Juan Roman Riquelme et David Trezeguet ont officiellement annoncé leur retraite. Pour le Franco-Argentin, la rumeur circulait depuis la semaine dernière dans les médias argentins, l'ancien attaquant de la Juventus étant revenu en 2012 dans le pays de ses débuts avant de filer en Inde pour une dernière pige.

S'il n'a que rarement joui d'un statut de titulaire indiscutable chez les Bleus, Trezeguet en a été un des joueurs les plus décisifs: en 1998, c'est lui qu'on trouve à la remise sur le but en or de Laurent Blanc contre le Paraguay puis qui inscrit sans trembler un tir au but en quarts de finale contre l'Italie; surtout, en 2000, c'est lui qui marque le but en or en finale de l'Euro, encore contre l'Italie.

Pourtant, la nouvelle de sa retraite n'a pas la moitié de l'impact de celle de Thierry Henry.

Ce lundi matin, L'Equipe publie une interview, mais elle ne se retrouve que dans l'«oreille» de une, et personne n'a encore évoqué l'idée de le rappeler pour une dernière sélection.

Les unes de L'Equipe sur les retraites de Trezeguet et d'Henry

Ils sont néanmoins nombreux, sur les sites spécialisés, à couvrir de lauriers l'ancien Monégasque en le comparant, à son avantage, à son ancien partenaire à Monaco et chez les Bleus, comme Nicolas Docao sur Le Plus du Nouvel Obs:

«Si Henry apparaît aujourd’hui comme une légende en France, cela est loin d’être le cas pour Trezeguet. Le "Roi David", discret, n’a pas les relais d’Henry dans les médias français. Le "Roi David", "maraudeur élégant", n’a pas non plus l’esthétique télégénique de "Titi" perforant les défenses adverses balle au pied. Henry était calibré, médiatiquement et footballistiquement, pour plaire au plus grand nombre; pas Trezeguet, tant la science du placement et le sang-froid du buteur sont imperceptibles pour la masse.»

Pour Jérôme Latta des Cahiers du Foot, chroniqueur pour Le Monde, Trezeguet était une espèce à part dans le football moderne:

«En notre ère où il faut des phénomènes bioniques pour perforer les défenses avec une élégance douteuse, l'attaquant de surface est une des nombreuses espèces en voie de disparition, finalement pas la moins subtile.»

Un type d'attaquant toujours bien placé et efficace, à l'image de son but inoubliable en finale de l'Euro 2000.


Et pourtant, cette espèce a disparu de l'équipe de France, où Trezeguet apparaissait de moins en moins au fil du temps. Sur Zone mixte, Julien Laloye nous rappelle que personne ne trouvait alors trop rien à y dire, jusqu'à un sujet diffusé par l'Equipe du Dimanche en 2007:

«Le meilleur buteur de l’histoire des Bleus au ratio but/minutes jouées y saisit un marqueur, avant d’annexer le paperboard. Trezeguet inscrit son nom, à l’entrée de la surface, celui de Nedved à gauche et de Camoranesi à droite. Puis ceux de Malouda et de Ribéry, beaucoup plus bas. "En équipe de France, on est tout en bas. Je pense qu’on a les qualités pour être beaucoup plus haut placés sur le terrain et être beaucoup plus efficaces en attaque. [Puis, en montrant la surface]. On peut aller partout sur le terrain, mais au final ça se passe là. Tout se passe là-dedans." Le manifeste est explicite. Mais il est déjà trop tard.»


Trop tard, car Trezeguet était déjà relégué dans la hiérarchie des attaquants, quelques mois après avoir été le seul Français à rater son tir au but en finale de la Coupe du monde 2006 contre l'Italie. Même si personne ne lui en avait voulu, explique Julien Laloye, Trezeguet allait se faire encore plus discret en équipe de France et fêter sa dernière cape en 2008. Et pour Jérôme Latta, c'est ce qui fait si mal:

«Si les regrets peuvent être vifs de ne pas l'avoir vu aller au bout de cette liaison si intense avec l'équipe de France, la carrière de Trezeguet ne se mesure de toute façon pas au travers d'une comparaison ou d'une rivalité. Les grands buteurs sont égoïstes, mais lui a su se mettre au service de ses clubs, auxquels il a offert une moyenne de plus d'un but tous les deux matches, dont 171 pour la Juventus avec laquelle il a disputé dix saisons.»

En équipe de France, le ratio était proche, avec 34 buts en 71 sélections. Les masochistes rêveront longtemps du 35e en se demandant ce qui se serait passé si Wiltord avait pu assurer son centre en bout de course à l'ultime minute de la finale de la Coupe du monde 2006.

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