Le mythe selon lequel les «digital natives» ou génération née avec le numérique et Internet serait plus à l’aise avec les technologies de l’information et de la communication (TIC) est de plus en plus fréquemment attaqué. Un article de l’ECDL Foundation, une autorité de certification de programmes de formation aux compétences informatiques, en rajoute une couche [PDF].
Selon les auteurs de cet article publié en janvier 2015, une proportion non négligeable de jeunes enfants comme d’étudiants n’ont que des connaissances rudimentaires du fonctionnement et de l’utilisation des TIC. Ils sont encore moins nombreux à avoir des compétences critiques et une capacité de recul vis-à-vis des outils de recherche d’information en ligne. Or dans les économies tertiaires, ces lacunes risquent d’en faire une «génération perdue», incapable de tirer profit des outils des TIC dans leurs rôles de travailleurs, étudiants, entrepreneurs et citoyens.
Alors pourquoi ce mythe perdure-t-il? Parce qu’on a tendance à confondre l’exposition aux technologies et la compétence numérique.
Par exemple, les «compétences» souvent mises en avant pour qualifier cette génération de «numérique» sont avant tout des «compétences de modes de vie» («lifestyle skills») comme écrire des SMS, jouer à des jeux vidéo ou regarder des vidéos. Or, ce ne sont pas ces compétences numériques qui sont utiles sur le marché du travail.
Exemple: en Allemagne, une étude a montré que les jeunes étaient majoritairement très habiles pour bookmarquer des pages web, mais que seulement 20% d’entre eux savaient appliquer un style de typographie dans un traitement de texte…
Récemment, Andréa Fradin évoquait sur Slate une professeur de science britannique qui estimait que la génération dite «digital native» était «devenue une génération perdue qui ne peut plus réparer les gadgets et appareils». En cause, la trop grande sophistication des appareils, qu’on se contente d’utiliser sans jamais avoir à les réparer. Ce qui éloigne les jeunes de la culture technique plus qu’elle ne les en rapproche.
L’inventeur du concept de digital natives, Marc Prensky, a lui-même écrit après avoir mis tous les jeunes nées après 1980 dans le même sac, qu’être un «digital native» impliquait une forme de «sagesse numérique», une capacité à l’évaluation critique des outils, rappelle l’ECDL.