J'ai entendu comme vous les critiques envers le slogan #JeSuisCharlie –mais où étaient ces gens là, etc. J'ai entendu comme vous les «et demain?» lancés ici où là.
Au lendemain d'une mobilisation exceptionnelle, qui a vu, c'est vrai, il faut le dire, beaucoup de Français sortir d'une réserve assourdissante après des mois voire des années de résignation face aux fanatismes anti-mariage gay (pour le plus récent des débats), anti-immigration et de façon latente anti-féministe, anti-islam, anti-juif, etc., où les Zemmour, Rioufol et Dieudonné tenaient le haut du pavé, je le reconnais, il y a de quoi douter.
Mais ce week-end, la France a donné le meilleur d'elle-même, droite et drôle comme dans cette scène filmée par la télévision où un –probable– gauchiste quinqagénaire, écharpe rouge autour du cou, embrasse un CRS gêné de l'initiative.
Je suis une citoyenne comme les autres, mais il y a un an de ça, j'ai franchi un pas qui a tout changé. Je me suis engagée au sein d'une association.
J'y ai découvert le sens de l'engagement et la foi d'hommes et de femmes, qui face au cynisme de notre société, interviennent chaque jour, avec des moyens dérisoires, en prison, dans les écoles, auprès de tous ceux dont les droits sont bafoués et tout simplement de ceux qui en ressentent le besoin.
J'y ai découvert un monde d'humanisme et d'espoir. Un monde qui fait changer les choses, même quand ce n'est que pour un être humain. La joie de recevoir une carte de vœu d'un détenu en fin d'année égale pour nous –je parle là de notre cas personnel à la Ligue des droits de l'homme– celle de faire condamner des boîtes de nuit pour discrimination. On ne parle pas beaucoup de nous, mais qu'il s'agisse de droits humains ou d'aide aux devoirs, le monde associatif réussit aujourd'hui à changer la vie de beaucoup de gens, en apportant aussi énormément à ceux qui s'engagent. Cela n'a rien d'un sacerdoce.
Alors, oui, je comprends les #JeNeSuisPasCharlie, oui je comprends les #EtDemain. Eh bien, demain sera ce que chacun d'entre nous en fera. Nous étions plus de 3,7 millions de personnes dans les rues de France ce 11 janvier. Nous sommes peut-être aussi nombreux dans les associations quelles qu'elles soient, mais les besoins sont tels que nous ne pouvons y faire face.
A tous ceux qui doutent qu'une France aussi belle que celle de dimanche puisse exister, à tous ceux qui se sont révoltés mais ne savent pas quoi faire aujourd'hui, je dis:
«Faites mentir les cyniques, impliquez-vous dans une association ou créez la vôtre.»
Les droits de l'homme, l'éducation, le sport et j'en passe ont besoin de vous. Faisons, ensemble, mentir les lendemains qui déchantent.