Pourquoi une personne qui a beaucoup bu parle-t-elle bizarrement? Pour étudier l'impact de l'alcool sur l'élocution, des scientifiques américains ont fait boire de l'alcool à des pinsons d'Australie et les ont écouté chanter.
«Le matin, nous avons mis un peu d'alcool à 6 degrés dans leur jus, et nous l'avons déposé dans leurs cages», explique le chercheur en neurosciences Christopher Olson à la radio américaine NPR. L'équipe de l'Oregon Health and Science University a été assez étonnée de voir que les oiseaux avaient bu le liquide alcoolisé de leur propre gré.
Une fois ivres, les cobayes (des diamants mandarins, pour être précis) chantent moins fort et de manière plus désorganisée que les oiseaux non éméchés. Malheureusement, la différence n'est pas audible pour un non spécialiste, comme le révèle un extrait audio mis en ligne par la radio NPR.
«Le diamant mandarin est un très bon modèle pour comprendre les mécanismes neurobiologiques de la production et de l'apprentissage vocaux, car ils apprennent leurs chansons d'une manière similaire à la façon dont les humains apprennent à parler», écrivent Olson et ses collègues dans un article publié dans la revue scientifique PLOS One.
Certaines syllabes du chant des pinsons étaient plus affectées que d'autres par la boisson, ce qui implique que certaines parties du cerveau des oiseaux étaient plus touchées que d'autres. Or, connaître les effets de l'alcool sur les connexions neuronales des pinsons permettra de mieux comprendre les effets de l'alcool sur certaines capacités cognitives humaines.
Les chercheurs songent déjà à une potentielle mise en pratique de ces données, notamment «l'utilisation d'analyses bioacoustiques pour détecter efficacement chez les humains l'ébriété ou même les légers états d'ivresse».
Dans la nature, certains oiseaux parviennent à se soûler sans l'aide des scientifiques. Un récent article de National Geographic raconte qu'en hiver, au Canada, des passereaux se gavent de baies fermentées. Or, la fermentation rend le fruit alcoolisé et des témoins ont vu des oiseaux «incapables de coordonner leurs mouvements de vol et de marcher normalement». Certains ont été recueillis dans un centre spécialisé et apparemment, ils se sentent mieux après quelques heures sans consommation de baies.