Jusque dans les années 60, les économistes débattaient entre eux dans les revues universitaires spécialisées, mais ça, c’était avant. Le site Dissident Voice, qui s’affiche comme faisant partie de la mouvance de la gauche radicale, publie un graphique qui montre, selon l’auteur Joe Francis, que le débat économique a disparu des grandes revues. En récoltant les informations de la base de donnée en ligne Jstor sur les titres des publications de cinq grandes revues d’économie, l’auteur illustre la chute du nombre de titres qui commentent, répondent ou répliquent à un article publié précédemment.
En 1968, lors du pic observé, 22% des articles publiés faisaient l’objet d’une réponse d’un débatteur, contre seulement 2% des articles en 2013. Pour l’auteur, ce déclin de la culture du débat est la conséquence de «l’émergence d’une hégémonie néolibérale» à partir des années 1970 et du fait que les économistes marxistes se sont rabattus sur des publications de niche au détriment de ces grandes revues influentes.
Il est tentant de rapprocher ce graphique d'une récente étude publiée en novembre 2014 par trois chercheurs du centre de recherches MaxPo de Sciences Po intitulée «La supériorité des économistes», et qui a beaucoup fait parler d'elle dans le milieu au point d'être commentée par Paul Krugman dans le New York Times. Dans cette étude, les auteurs avancent que les économistes sont plus riches que les chercheurs d'autres disciplines des sciences sociales et qu'ils ont plus confiance dans la capacité de leur discipline à remédier aux problèmes de la société. Une «suprématie» qui confine parfois à l'arrogance, souvent critiquée sinon moquée, notent les auteurs...