Le café Blue Moutain pousse tranquillement sur les montagnes qui lui donnent son nom, en Jamaïque, un lieu quasi idéal pour la culture du café. Il est très recherché en raison de son goût doux, et c’est l’un des cafés les plus chers du monde. Comme l’explique Munchies, la chaîne food de Vice, «le Blue Moutain jamaïcain est l’une des exportations les plus précieuses du pays, pouvant aller de 56 dollars (45,5 euros) par livre (453 g) quand il est vendu aux Etats-Unis, à 72 dollars (58,5 euros) au Japon». En France, on le trouve autour de 100 euros voire un peu plus le kilo.
Sa réputation est donc très protégée dans le pays. Le problème, c’est que depuis quelques années, cet or en grains subit de plus en plus de fraudes: des ventes de café de qualité nettement inférieure sous le label Blue Moutain, ou bien des mélanges non déclarés (ou déclarés mais sans les proportions exactes).
Alors le Conseil de l’industrie du café de Jamaïque, devant la dégradation de la situation –les plaintes viennent de clients d’hôtels en Jamaïque, mais aussi de consommateurs aux Etats-Unis, en Espagne ou en Allemagne, explique World Coffee Press–, a annoncé fin novembre la création d’un groupe de travail chargé de veiller au grain et de repérer les infractions.
Des «raids» aléatoires vont être organisés, la journée ou la nuit, pendant lesquels des inspecteurs iront dans les hôtels, maison d’hôtes, cafés et magasins, pour contrôler les stocks et les emballages. Voire exiger une tasse de café, «pour que leurs palais fins évaluent si le café est bien ce qu’il prétend être». Le président du Conseil de l’industrie du café dit qu’«aucun point de vente ne sera épargné».
Si l’équipe détecte du faux Blue Moutain, le café sera saisi, et l’établissement pourra être poursuivi en justice. Les personnes impliquées dans la fraude au Blue Mountain risquent «une amende allant jusqu’à 600.000 dollars, ou une condamnation pouvant aller jusqu’à 6 mois de prison», précise encore World Coffee Press.
Ce n’est donc pas du tout une bonne période pour le café jamaïcain, conclut Munchies, car la culture connaît beaucoup d’autres problèmes, comme la sécheresse, une épidémie de rouille du café, et des ravages provoqués par de petits insectes, les scolytes du caféier.