Pour accompagner le traditionnel calendrier de l'avent, offrez-vous ce calendrier de l'avent du domaine public, qui a l'avantage, par rapport au calendrier en chocolat, d'être gratuit et sans risque de crise de foie.
Comme pour l'année 2014 et l'année 2013, c'est le collectif SavoirsCom1 qui a eu l'idée de révéler jour après jour en décembre un ou une des artistes, auteur(e)s, voire oeuvres qui rejoindront dans le domaine public au 1er janvier 2015.
Cette année, le lancement du calendrier marque également le début du premier festival du domaine public français, dont nous sommes partenaires. Nous vous en reparlerons bientôt, mais sachez déjà qu'il aura lieu les deux dernières semaines de janvier à Paris, à l'initiative de Véronique Boukali et Alexis Kauffmann, de RomaineLubrique.
Pour ouvrir le bal, qui mieux qu'Edvard Munch, dont Internet n'a pas attendu qu'il tombe dans le domaine public pour faire de son Cri un mème des plus connus? Munch est mort en janvier 1944 et passera donc dans le domaine public au 1er janvier 2015 (au 1er janvier de l'année suivant les 70 ans de sa mort).
Le 2 décembre, Jean Giraudoux est à l'honneur, et l'avent du domaine public «s'attend à ce que Gallica et Wikisource mettent en ligne les pièces de Giraudoux dans le courant de l'année». Avantage du domaine public, les compagnies théâtrales n'auront plus d'autorisations à demander pour jouer du Giraudoux.
Le cas Giraudoux permet aussi de souligner un des aspects les plus absurdes du domaine public à l'heure mondialisée: en France, un auteur entre généralement dans le domaine public 70 ans après sa mort, mais au Canada, par exemple, il suffit de 50 ans. Ce qui fait qu'on trouve déjà des textes entiers de l'auteur de La Guerre de Troie n'aura pas lieu sur des sites québécois. Cette bizarrerie rappelle la polémique de 2012 autour d'une traduction du Vieil Homme et la mer d'Hemingway non autorisée par Gallimard.
Le calendrier mélange noms connus et moins connus: le peintre Kandinsky, la journaliste et écrivaine Fanny Clar, la chanteuse Yvette Guilbert... Il veut souligner et expliquer certaines absurdités du droit de la propriété intellectuelle: on y trouvera par exemple Antoine de Saint-Exupéry, alors qu'il fait partie des cas particuliers français, ceux des auteurs «morts pour la France». Comme le calcule Scinfolex, «il faudra ici prendre l’ancienne durée de protection (50 ans), y ajouter le bonus des morts pour la France (30 ans) et la durée des prorogations de guerre pour la Deuxième Guerre mondiale (8 ans et 122 jours). On aboutit donc au résultat que le Petit Prince ne sera pas dans le domaine public avant 2032...». Tout ça alors que Le Petit Prince entrera bien dans le domaine public au 1er janvier 2015 pour les autres pays du mondes qui restent à 70 ans après la mort de l'auteur.