La chaîne YouTube Screen Junkies publie régulièrement des bandes-annonces revisitées de films et de séries et se moque des clichés qu’ils véhiculent. Jusque-là, on avait eu droit aux «Honest trailers» de films comme SOS Fantômes, Spiderman ou encore Breaking Bad. Dans sa bande-annonce «honnête» de La Petite Sirène, Screen Junkies évoque sa vision réductrice de la jeune femme.
«C’est l’histoire d’une jeune sirène de 15 ans à moitié nue qui tombe amoureuse d’un humain… parce qu’il est beau. […] C’est une romance fantastique où l’amour conquiert tout, si par amour vous voulez dire agir comme une gamine désemparée et muette pour qu’un homme plus âgé vous embrasse.»
«L’influence qu’a eu la Petite Sirène n’était pas vraiment bonne, explique Slate.com, et pas uniquement parce que elle a sexualisé une créature qui ne peut pas faire l’amour. En tant que modèle, Ariel, qui abandonne sa voix, sa famille et ses amis pour être avec un homme qu’elle connaît à peine, laisse à désirer.»
Mais peut-on pour autant dire que le dessin animé est rétrograde et sexiste? Plusieurs articles l’affirment (ici, ou encore là), mais très récemment, des voix se sont élevées pour nuancer ce constat.
Tout d’abord, comme l’explique Ariane Lange sur le site Buzzfeed, toute notre vision du film change si on considère que sa véritable héroïne n'est pas Ariel, mais bien la méchante Ursula, une femme qui porte un regard sombre sur notre société encore trop patriarcale. «Ursula comprend les attentes imposées sur les femmes», explique Buzzfeed avant de citer la sorcière: «Ce sont celles qui tiennent leur langue qui auront les hommes.» Pour Ursula, la femme devrait donc au final s’adapter aux standards véhiculés par la société, ce qu’elle n’a pas réussi à faire elle-même: elle a été bannie pour avoir voulu se révolter.
De leur côté, deux journalistes du Time, deux femmes, ont revu La Petite Sirène en étant adultes. Et elles ont essayé de relativiser les travers du message véhiculé par le film, qui n’est pas aussi sexiste que l’on pense.
«Pour aller contre les stéréotypes, le prince tombe amoureux de son sauveur. Ici, c'est lui la demoiselle en détresse, et Ariel le sauve de la noyade lors d'une tempête», explique Laura Stempler. Ariel l'a même sauvé deux fois. Eric ne tombera amoureux d'elle que quand il entendra sa voix, et fait attention à ne pas abuser de la position de faiblesse de la jeune fille au début du film.
Reste pour les deux journalistes les problèmes récurrents de représentation du corps féminin dans les Disney, d'Ariel à la Reine des neiges, jamais réaliste. Sur ce point, «nous n'avons pas fait beaucoup de progrès dans les dessins animés depuis 25 ans», regrette le Time.