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Pourquoi Charles Manson continue-t-il de fasciner

Temps de lecture : 2 min

Charles Manson en 2011. REUTERS/CDCR/Handout
Charles Manson en 2011. REUTERS/CDCR/Handout

En 1971, Charles Manson a été condamné à la prison à vie pour plusieurs assassinats. En 1969, il a notamment commandité le meurtre par ses disciples de cinq personnes, dont l’actrice Sharon Tate. Les faits ont plus de quarante-cinq ans. Pourtant, le personnage continue de fasciner, comme en témoigne l’intérêt médiatique suscité par l’annonce de son mariage avec Afton «Star» Burton, une femme de 26 ans. Si Charles Manson intrigue encore à 80 ans, c’est parce qu’il est, d’une certaine manière, l’incarnation d’une contre-culture, explique la BBC.

Le Monde rapporte d’ailleurs que ce qui a amené Afton Burton à s’intéresser à lui, lorsqu’elle avait 16 ans, est la «philosophie environnementale» prêchée par Charles Manson au sein de la communauté de la Famille, qu’il a fondée dans les années 1960. A cette époque, celle du «Summer of love», il vient d’être relâché, et recrute des disciples, avec lesquels il organise des orgies et prend du LSD dans un ranch au milieu du désert californien.

Selon Daniel Kane, conférencier à la Sussex University interrogé par la BBC, Charles Manson a ainsi réussi à exploiter ce qui fait l’essence de la culture hippie pour le transformer en outil de violence:

«Les hippies, après tout, se présentaient comme désaffiliés de la vie politique et sociale, s’engagaient à créer leur propres utopies indépendantes marquées par le sexe, la drogue et le rock’n’roll.»

Charles Manson incarne la face moins heureuse de cette contre-culture, selon le criminologue David Wilson, lui aussi cité par la BBC. Il a mis les Américains face à la réalité et aux ravages de la drogue:

«Il n’était plus question de flower power. La culture de la jeunesse était plus sombre et plus troublante que ce que les gens ne l’avaient pensé auparavant.»

La période «faste» de Charles Manson s’inscrit aussi un contexte de divisions politiques aux Etats-Unis, autour des droits civils, de la race et de la guerre du Vietnam. Lui-même a vu dans la chanson Helter Skelter des Beatles la métaphore délirante d’une guerre apocalyptique entre noirs et blancs.

Daniel Kane confirme à la BBC que l’attrait du personnage vient notamment de son aspect politique:

«Manson, le rebelle, le hors-la-loi, le végétarien radical prêt à tuer pour son honneur. C’est écoeurant et dément, mais c’est aussi fondamentalement politique, de la même manière qu’un terroriste contemporain est politique.»

Mais cette idéologie n’aurait sans doute pas été aussi attractive sans le charisme de Charles Manson. Sur CNN en août, David Bugliosi, qui fut procureur à son procès et a écrit un bestseller sur lui, attribuait la fascination du public à la nature particulièrement horrible de ses crimes, et à son image médiatique. Celle du tueur au regard fou, avec une croix gammée tatouée sur le front, est particulièrement marquante:

«Le nom de Manson est devenu une métaphore pour le mal, et il y a un côté de la nature humaine qui est fasciné par le mal pur.»

Cette obsession peut aller jusqu’à l'hybristophilie: une fascination, voire une excitation sexuelle pour des personnes qui ont commis des crimes, spécialement des crimes violents et cruels, qui expliquerait les lettres enflammées envoyées à Charles Manson par ses admiratrices.

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