Imaginez: des vêtements à très bas prix. Problème: vous ne pouvez en acheter qu’un nombre restreint et vos emplettes sont attentivement traquées pour vérifier que vous vous tenez à cette restriction. Voilà ce qu’il se passe au Venezuela, où le groupe espagnol Inditex, qui détient notamment Zara, Bershka et Pull and Bear, propose ses vêtements à des prix largement plus bas qu'ailleurs, rapporte El Mundo.
Ce phénomène a plusieurs origines: selon le journal espagnol, en décembre 2013, le gouvernement vénézuelien a décrété un rabais obligatoire des prix des enseignes de mode. Inditex a pratiqué des baisses de prix de 50%, et a donc décidé de ne pas renouveler ses stocks. La República affirme quant à elle que la marchandise a été acquise en utilisant un taux de change préférentiel par rapport au dollar.
Cette baisse des prix a entraîné des mois de rupture de stock, indique le site Fashion United. En janvier, Phoenix World Trade, qui détient l’exclusivité de la franchise Inditex au Venezuela, avait temporairement suspendu l’activité de 25 magasins, selon ABC.es.
Inditex a ensuite lancé de nouvelles gammes de vêtements bon marché. Et le week-end dernier, comme à chaque fois, des files d’attente importantes se sont formées au Venezuela, dès six heures du matin. Selon El Mundo:
«L’arrivée de chaque nouveau lot de vêtements en magasins coïncide avec une avalanche de clients en magasin, qui se traduit par une rupture de stock constante.»
Pour limiter le phénomène, Inditex a instauré des règles destinées à sa clientèle. Les centres commerciaux n’ouvrent pas avant 11 heures et sont fermés les lundis et dimanches. Il est aussi impossible de mettre un produit de côté.
Mais surtout, les achats sont rationnés. Il est interdit d’acheter plus de cinq vêtements des marques du groupe par mois. Et les restrictions concernent aussi le genre de ces habits. Les clients ont droit à trois «hauts» (chemises, t-shirts, vestes) et deux bas (pantalons, shorts).
Et pour être sûr que les Vénézuéliens ne dérogent pas à ces règles, ils sont surveillés. A l’entrée du magasin, il faut présenter sa carte d’identité. Le nom des clients est relevé et inscrit sur une liste, puis on leur assigne un numéro pour entrer. Et pas la peine d’essayer de tricher: ce numéro est inscrit dans le système de facturation des enseignes.
Selon Fox News Latino, le Venezuela pratique déjà le scan des empreintes digitales dans les épiceries. Cette mesure, que le président Maduro qualifie d’«anti-fraude» est censée empêcher les consommateurs d’acheter trop de denrées, et donc faire face à la pénurie de produits de base qui sévit dans le pays depuis plus d’un an. Pénurie due, selon ABC.es, aux nouvelles mesures gouvernementales qui empêchent l’importation de matériaux, biens et services.