Samedi 15 novembre, Sens Commun, un think tank lancé par des membres de la Manif pour tous, organisait le seul meeting qui réunissait les trois candidats à la présidence de l'UMP: Bruno Le Maire, Hervé Mariton et Nicolas Sarkozy.
Lors de leur prise de parole respective, une phrase a beaucoup été reprise et commentée. A propos du mariage pour tous, Nicolas Sarkozy, harangué par la foule à coups de «Abrogation! Abrogation!», a lancé:
«Quand on dit qu'une loi doit être réécrite de fond en comble, si vous préférez qu'on dise qu'on va l'abroger pour en faire une autre... […] Enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça ne coûte pas très cher.»
Une prise de position floue et qui a laissé perplexe beaucoup de monde, mais qui a aussi éclipsé celle de ses deux concurrents.
On connaît celle de Hervé Mariton, fermement opposé au mariage homosexuel, et d'ailleurs acclamé par la salle.
A l’inverse, quelques minutes plus tôt, Bruno Le Maire avait indiqué ne pas souhaiter revenir sur cette réforme:
«Nous ne reviendrons pas, nous la droite républicaine, sur le mariage homosexuel. [...] Au moins, j'ai le courage de vous dire quelle est ma conviction.»
Entendu au meeting de #SensCommun pendant l'intervention de Bruno Le Maire : "sale pédé", "connard"... #ambiance #UMP #LGBT
— Ellen Salvi (@ellensalvi) November 15, 2014
Hué par les militants de Sens Commun, il a maintenu sa position et l'a réaffirmée, dimanche soir, sur le plateau du JT de France 2:
«On a toujours intérêt à défendre ses convictions. [...] Nous ne reviendrons pas sur le mariage homosexuel, tout simplement parce qu'on ne va pas rouvrir des déchirements dans la société française.»
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, cette prise de position sur le mariage gay pourrait lui être bénéfique dans la course pour la tête de l'UMP, le parti n'arrivant pas à trouver de position commune. Le Huffington Post explique que, «s'il entretient (volontairement) le flou vis-à-vis du droit à l'adoption, le député de l'Eure peut désormais espérer rallier tous les partisans du statu quo sur le mariage gay à l'UMP».
Et les soutiens se multiplient derrière lui. Après la signature de 52 parlementaires en sa faveur, le candidat vient de recevoir un nouveau soutien, celui de Jean-François Lamour, qui va d'ailleurs à contre-courant de ses pairs, puisque de nombreux proches de François Fillon soutiennent plutôt Nicolas Sarkozy.
L'ancien président a lui dû faire face, après ses propos, à des critiques de plusieurs personnalités de l'UMP. Comme le rapporte Le Figaro, proches et anciens ministres se sont montrés plus mesurés que lui et semblent indiquer une évolution au sein-même du parti sur la loi. Nathalie Kosciusko-Morizet, Christian Estrosi, Frédéric Lefebvre, François Fillon et Nadine Morano ont estimé qu'il n'y avait pas lieu de remettre en cause la loi Taubira ou qu'il y avait d'autres priorités. Valérie Pécresse, qui soutient pourtant Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP, a déclaré sur i-Télé que Bruno Le Maire «incarne le renouveau, qu'on le veuille ou non», avant d'ajouter «si je dis qu'il est le seul à l'incarner, je vais me faire des ennemis».
Libération raconte même que le discours de Bruno Le Maire chez Sens Commun «lui a paradoxalement valu des messages de félicitations de farouches opposants à la loi Taubira. Manière de souligner que sa position avait au moins le mérite de la cohérence».