A peine sorti, «Assassin's Creed Unity», le dernier né d'Ubisoft dont la toile de fond est la Révolution française, suscite de nombreuses réactions. Pas seulement sur ses graphismes, ou ses éventuelles failles, mais aussi sur l'interprétation qu'ose faire le jeu vidéo de l'une des périodes fondatrices de l'Histoire française.
A ce sujet, la sortie de Jean-Luc Mélenchon, qui accuse le jeu d'avoir dénigré la Révolution, a été vivement commentée. Interrogé par Radio Canada, Laurent Turcot lui répond. Professeur à l'université du Québec à Trois-Rivières, il a été l'un des consultants d'Ubisoft pour toute la partie historique du jeu. Et à l'en croire, «l'analyse [de M. Mélenchon] manque un peu de rigueur».
Le leader d'extrême-gauche a notamment vertement reproché à Ubisoft d'avoir représenté Robespierre, selon lui «libérateur à un moment de la Révolution», «comme un monstre». «Là-dessus, il a en partie raison», concède Laurent Turcot, qui qualifie la figure historique de la Terreur «d'homme de principes», notamment en faveur du peuple. Le problème, ajoute l'historien, c'est que «[Jean-Luc Mélenchon] le dit très mal.»
Laurent Turcot insiste par ailleurs sur le fait que chaque oeuvre, cinématographique, littéraire, de BD, ou de jeux vidéo, qui se penche sur un événement historique fait le choix de le représenter selon un certain prisme.
Interrogé sur le site spécialisé Motherboard, il détaille par ailleurs les contours de sa contribution dans «Assassin's Creed Unity»:
«La première fois qu'ils m'ont contacté, j'ai dit que ce qu'ils voulaient faire était inimaginable. Cela revient à prendre une ville comme New York au 19e siècle et à la recréer complètement! Il y a tellement de bâtiments. Mais j'ai dit, ok, allons-y.»
Après cette discussion, Laurent Turcot est ensuite allé faire un tour du côté des archives de Paris, sans pouvoir néanmoins préciser le but de son projet, qu'il était tenu de garder secret du fait d'un «non disclosure agreement» (accord de non-divulgation) précise Motherboard.
Et dans la mesure où rien ou presque ne persiste du Paris du 18e siècle, l'historien a dû tout reconstruire de zéro:
«[...] prendre des archives, des peintures, des gravures... C'était mon boulot. Leur montrer tout ce que nous avions en terme de culture visuelle. Pour être capable de le reconstuire.»
Sur le site spécialisé Geeksandcom, il raconte également avoir donné des formations aux équipes d'Ubisoft basée à Toronto «sur la vie quotidienne à Paris à l’époque de la Révolution».:
«J’ai alors évoqué la rue, la violence, la médecine, la prostitution, la politesse, la nuit, les cafés, les restaurants, la saleté, le bruit, les chansons, les animaux, etc.»
Au final, Laurent Turcot se montre très satisfait de la représentation de Paris offerte par ce jeu. Il trouve même le résultat «encore plus impressionnant que ce qu'il avait imaginé». Et aimerait carrément pouvoir l'utiliser dans ses cours.