L’agriculture urbaine, sur des parcelles dans des espaces citadins voire sur des toits, et péri-urbaine, à très grande proximité des villes, est loin d'être anecdotique dans le monde, si l’on en croit les résultats d’une étude publiée dans la revue Environmental Research Letters.
Comme l’écrit la NPR, on se demandait jusqu’à présent «combien de terres cultivables dans le monde sont réellement "urbaines"». Des chercheurs des universités de Stanford et de Berkeley ont analysé et comparé des images satellites, des recensements agricoles et des données socio-économiques sur la population. Selon eux, il existe beaucoup d’études de cas précis sur l’agriculture urbaine, mais c’est la première évaluation globale.
Le chiffre est plutôt étonnant: 67 millions d’hectares cultivés pour l’alimentation sont à l'intérieur des villes (dont 24 millions de terres irriguées), soit 5,9% du total des terres cultivées dans le monde. Si on ajoute les zones périurbaines, dans un rayon de 20 km autour des villes, on monte à 456 millions d’hectares (dont 130 millions de terres irriguées), donc près de 40% des cultures mondiales. Et encore, le chiffre est peut-être sous-estimé, car l’étude considère seulement les villes de plus de 50.000 habitants.
Anne Thebo, ingénieur en environnement et principale auteure de l’étude, explique à NPR qu’une grande partie des exploitations agricoles urbaines et périurbaines reposent sur l’irrigation, notamment en Asie du Sud-Est. Comme les villes grossissent rapidement, les fermes sont en concurrence avec les consommations d'eau domestiques et industrielles.
L’étude conclut ainsi qu’il va être de plus en plus justifié d’étudier «l’impact de la production agricole urbaine et périurbaine sur la gestion des ressources en eau, sur les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire dans le monde». Pour les chercheurs, il va être indispensable de se pencher sur la question à cause de plusieurs facteurs qui s’entremêlent, «l’incertitude croissante autour des ressources en eau, l’expansion rapide des populations urbaines, l’augmentation de la demande alimentaire des citadins et la fréquence croissante des interactions entre la ville et la campagne sur l’interface périurbaine».