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Marché de l'ivoire: la Chine accusée d'assassiner les éléphants

Temps de lecture : 2 min

Éléphant de Tanzanie, Elly Carter 1/ Mark Robinson, via Flickr CC licence by
Éléphant de Tanzanie, Elly Carter 1/ Mark Robinson, via Flickr CC licence by

En mars 2013, la visite du Président chinois Xi Jinping et de son importante délégation officielle en Tanzanie s’est accompagnée d’une forte hausse des ventes illégales d’ivoire, rapporte l’ONG anglaise Environnemental Investigation Agency (EIA) dans une étude publiée aujourd’hui et analysée par le New York Times. A Dar es Salam (capitale économique du pays), le prix au kilo des défenses d’éléphants a doublé après la visite diplomatique:

«Les membres de l'imposante délégation gouvernementale et commerciale ont mis à profit cette visite pour acheter de telles quantités d'ivoire que les prix se sont envolés», selon un rapport de l'ONG intitulé: «Vers l'extinction: criminalité, corruption et disparition des éléphants en Tanzanie».

L’ONG a enquêté sur le trafic d’ivoire en Tanzanie et ses connections importantes avec le marché noir chinois. En effet, cette ressource particulièrement prisée chez des l’élites de Pékin, fait l’objet d’un vaste commerce de contrebande en vue de contourner la réglementation imposée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage (CITES). Cette dernière prévoit, depuis 2008, que le marché chinois est agrée à acheter une partie des stocks gouvernementaux des pays d’Afrique austral (68 tonnes, précisément) en vue d’alimenter les filières contrôlées de son marché intérieur. Cependant, l’EIA note que cette voie vers la légalité a, en pratique, engendré un appelle d’air pour la contrebande. Celle-ci bénéficiant dès lors du relais des points de vente officiels pour écouler ses marchandises illégales, comme l’expliquait Mediapart l’année dernière.

Le rapport résume:

«La Tanzanie est la première source mondiale d'ivoire issu de l'abattage illégal et la Chine est le premier importateur de défense en contrebande.»

Ainsi, le trafic en Tanzanie aurait entrainé le braconnage de près de 100 000 éléphants entre 2005 et 2013, dont 10 000 uniquement que sur cette dernière année. Le New York Times explique que le président tanzanien, Jakaya Kikwete, essaye depuis des années de baisser le niveau de protection des éléphants prévue par la CITES (qui est aujourd’hui au maximum) en vue de pourvoir à la très forte hausse de la demande sur le marché asiatique, et en particulier chinois. Le rapport pointe aussi du doigt la participation, au moins indirecte, de M. Kakwete dans le trafic d’ivoire, et celle de membres corrompus du gouvernement:

«Les racines du désastre des éléphants en Tanzanie sont un mélange toxique entre échec gouvernemental, corruption et criminalité», dénonce l’ONG.

Face à ces accusations, la Chine a fermement démenti par la voie du porte parole sa diplomatie, Hong Lei, qui a déclaré que «ce rapport [était] infondé». Avant d’ajouter:

«Nous en sommes très mécontents. Nous attachons une grande importance à la protection de la faune sauvage et des éléphants.»

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