La nouvelle sénatrice de l’Iowa, Joni Ernst, est une des grandes surprises de ces élections de mi-mandat. Dans un Etat qui a majoritairement voté pour Obama en 2008 et 2012, cette candidate proche du Tea Party, que beaucoup comparent à Sarah Palin, a obtenu 52% des voix environ, contre moins de 44% pour son adversaire démocrate Bruce Braley.
Dans la vidéo mémorable qui a fait décoller sa campagne, elle se présentait ainsi:
«Je m’appelle Joni Ernst, j’ai passé ma jeunesse à castrer des cochons dans une ferme de l’Iowa; quand j’irai à Washington je saurai couper le gras.»
En anglais, «cut pork» signifie faire des coupes budgétaires, et réduire les dépenses publiques est une des grandes passions de cette nouvelle sénatrice. Elle conclut en expliquant qu'elle va faire «couiner» comme des porcs tous ces hommes politiques de Wahington qui dépensent trop d'argent public...
Ce colonel dans la Garde Nationale de l'Iowa avait un plan de communication parfait, résumé en trois mots: mère, soldate, leader indépendante. Elle se déplace en Harley et parle de ses années à la ferme en chemise à carreaux. Le côté terroir a séduit.
Ce charme folklorique a presque fait oublier les prises de position extrémistes de la candidate, dans un Etat pourtant plutôt centriste. Pour cette conservatrice soutenue par des stars du Tea Party comme Rand Paul et Ted Cruz, les Américains d'aujourd'hui sont des assistés accros aux aides de l'Etat.
«Nous comptons sur le gouvernement pour tout», expliquait Ernst pour critiquer l'idée d'une assurance maladie pour tous. Elle regrette le temps (imaginaire) où les familles et les Eglises s'occupaient bien des gens: «Nous en sommes arrivés au point où le gouvernement donne tout à n'importe qui.» Elle rêve de se débarrasser de la réforme de santé, mais aussi, pourquoi pas, du ministère de l'Education et de l'agence de défense de l'environnement. Il y a quelques mois, elle avait aussi qualifié Obama de dictateur qui mériterait un impeachment, avant de revenir sur ses mots.
Malgré cela, elle vient d'être élue. Il faut dire que son opposant démocrate n'avait pas l'air très en forme. Quelques jours avant le scrutin, il l'avait comparée... à la chanteuse Taylor Swift. «Joni Ernst a beau être jolie comme Taylor Swift... le problème c'est qu'elle vote comme Michele Bachmann», une élue ultra-conservatrice du Minnesota, avait-il clamé. Sa petite vanne n'a visiblement pas sauvé sa campagne.