Maintenant que le Congrès est majoritairement républicain, une petite clique d'ultra-conservateurs pourrait tenter de réaliser un de ses rêves les plus fous: initier un processus d'impeachment contre le président Barack Obama.
Avant les élections, le mot avait commencé à circuler dans les cercles proches du Tea Party et sur Fox News, notamment en rapport avec la question de l'immigration.
Les Républicains devraient «avoir le courage de se conformer à la Constitution et d'impeacher le président», avait écrit l'ancien représentant du Colorado Tom Tancredo.
La nouvelle sénatrice de l'Iowa, Joni Ernst, avait aussi laissé entendre qu'un impeachment serait souhaitable, mais elle était revenue sur ses propos avant les élections.
La question des sans papiers
Ce qui énerve particulièrement les ultra-conservateurs, c'est la promesse faite par le président d'agir par décret sur la question des immigrés sans papiers. En effet, alors que la proposition de loi sur l'immigration a été bloquée au Congrès par les Républicains, la Maison Blanche prépare un programme d'action post-élections.
Selon le Wall Street Journal, il pourrait s'agir de régulariser entre 1 et 4 millions de sans papiers, surtout ceux qui sont dans le pays depuis longtemps et qui ont de la famille aux Etats-Unis. Plusieurs candidats démocrates avaient demandé au président d'attendre après les élections pour faire cette annonce, de peur que ces mesures n'effraient leurs électeurs anti-immigration.
Mais si cette mesure passe, certains conservateurs seront très motivés pour tenter d'impeacher le président. Il y a quelques jours, un présentateur de Fox News était assez menaçant:
«Je vous promets que si [Obama] va contre le Congrès et régularise 4 millions d'immigrés illégaux par décret, il va y avoir une tempête au Capitole. Les gens vont demander un impeachment.»
Un procès pour abus de pouvoir?
L'impeachment est une accusation formelle du président, qui doit être votée par une majorité à la Chambre des représentants. Elle est suivie d'une sorte de procès dans lequel les sénateurs décident de la culpabilité du président.
Comme nous l'expliquions en 2013, quand les Républicains agitaient déjà cette menace, un impeachment n'est pas nécessairement synonyme d'une destitution: la Chambre des représentants vote pour ou contre la procédure. Les articles de l'impeachment passent ensuite au Sénat, qui juge le Président. Si les sénateurs jugent le président coupable à la majorité des deux-tiers, il est destitué. Sinon, comme dans le cas de Bill Clinton –pour parjure dans l'affaire Monica Lewinsky– ou d'Andrew Johnson, il reste en place. Autrement dit, l'impeachment permet au Congrès de marquer sa désapprobation fermement, sans pour autant se lancer dans un chaos gouvernemental.
Le président de la Chambre des représentants, John Boehner, n'est pas favorable à un impeachment mais à la place, il a lancé cet été l'idée de faire un procès contre le président pour abus de pouvoir (notamment au sujet de la réforme de santé). Or, le site Politico vient de révéler que les deux cabinets d'avocats embauchés par Boehner ont refusé de défendre ce cas...