Les moteurs du premier étage de la fusée Antares, qui semblent être à l’origine du problème technique qui a conduit à sa destruction mardi 28 octobre, sont d’anciens réacteurs soviétiques des années 1960, explique le Washington Post.
Les moteurs en question sont des modèles AJ-26, dérivés des anciens NK-33 soviétiques construits entre les années 1960 et le début des années 1970 et destinés à propulser le programme des lanceurs lourds N-1, a l’époque totalement secret. Ces fusées étaient alors destinées à être le fer de lance du Programme Lunaire habité soviétique. Elles furent abandonnées après l’échec de leurs tirs expérimentaux.
Après des années de stockage en URSS, ces moteurs ont été récupérés par les Etats-Unis dans les années 1990 pour alimenter les moteurs de la fusée Atlas 5, mais d’autres leur seront finalement préférés. Puis Orbital Sciences, la société chargée par la Nasa de construire la cellule de ravitaillement Cygnus et la fusée Antares, les a intégrées à son projet spatial sous leur nouvelle forme: les AJ-26.
L’année dernière déjà, Elon Musk, président de la société SpaceX, elle aussi mandatée par la Nasa pour approvisionner la Station spatiale internationale (ISS), raillait les moteurs de son concurrent:
«Ils ont un contrat d’approvisionnement avec la Station spatiale internationale et leurs fusées, honnêtement, sonnent comme la chute d’une blague. Ils utilisent des fusées soviétiques des années 1960.»
Et d’ajouter «[…] Cela signifie qu’ils utilisent des moteurs littéralement construits dans les années 1960, comme ceux gardés quelque part en Sibérie.»
En mai dernier, une enquête interne avait été lancée sur les moteurs AJ-26 après l’explosion de l’un d’entre eux dans un essai au sol au Stennis Space Center de la NASA. Face à ces soupçons sur la défaillance des AJ-26, Frank L. Culbertson Jr., astronaute et vice-président de la société Orbital, se défend aujourd'hui: «Quand vous regardez dans le reste du monde, il n’y a pas tellement d’autres options en matière de matériel d’une telle puissance.» Une enquête est actuellement diligentée par sa société pour déterminer la nature exacte du problème.
Ironie de l’histoire, Alexeï Krassnov, chef du programme des vols habités de la Roskosmos (programme spatial russe) a déclaré à l’agence de presse RIA Novosti qu’il était prêt à ravitailler en urgence la station spatiale. Avant d’ajouter: «Mais pour l’instant, il n’y a pas eu une telle demande.»