Lors des primaires républicaines du printemps dernier, la plupart des candidats ultra-conservateurs soutenus par le Tea Party ont perdu face aux candidats plus modérés de l'establishment républicain. C'était le cas notamment dans le Mississippi, la Géorgie, le Kansas, le Tennessee, la Caroline du Sud et la Caroline du Nord. Mais cela ne signifie absolument pas que le Tea Party est mort.
«L'influence du Tea Party ne dépend pas d'une élection particulière. Ils sont contents quand leurs candidats préférés gagnent, mais même s'ils continuent à perdre, le mouvement peut demeurer une force incroyablement importante dans le paysage politique américain», résumait alors un article du Washington Post.
L'idée centrale du Tea Party –une réduction radicale de l'intervention gouvernementale et la critique systématique de tous les programmes étatiques– est devenue beaucoup plus commune chez de nombreux Republicains, même ceux qui ne sont pas officiellement soutenus par le mouvement.
Par exemple, en Caroline du Nord, le candidat au poste de sénateur, Thom Tillis, même s'il n'était pas le favori du Tea Party, a des positions assez extrêmes: il est opposé au salaire minimum fédéral, ne croit pas au réchauffement climatique et songe à se débarrasser du ministère de l'Éducation.
C'est tout le parti républicain qui s'est décalé vers la droite: la volonté de limiter radicalement le rôle du gouvernement est une position beaucoup plus courante qu'il y a vingt à trente ans. L'hystérie du parti contre la réforme de santé d'Obama –qui était pourtant au départ une idée républicaine– est symptomatique de ce glissement.
«Il est difficile de trouver des hommes politiques républicains qui n'ont pas adopté certaines positions du Tea Party», expliquait récemment à Salon.com la sociologue Theda Skocpol, auteur d'un livre sur le sujet.
Pour les élections de mi-mandat de la semaine prochaine, une poignée de candidats soutenus par le mouvement ultra-conservateur sont plutôt bien placés pour gagner. Dans le Kansas, le Maine et le Wisconsin, des gouverneurs amis du Tea Party se battent pour être réélus. Du côté des sénateurs, il y a Tom Cotton en Arkansas, Ben Sasse dans le Nebraska et Joni Ernst dans l'Iowa.
Cette dernière est pour l'instant donnée légèrement gagnante dans un Etat qui a pourtant voté majoritairement pour Barack Obama en 2008 et 2012. Elle est devenue célèbre grâce à une mémorable publicité de campagne dans laquelle elle déclarait face à la caméra: «J'ai passé ma jeunesse à castrer des cochons. Je sais comment couper le gras». En anglais, «cut pork» signifie faire des coupes budgétaires... Les stars du Tea Party, le sénateur du Kentucky Rand Paul et le sénateur du Texas Ted Cruz, se sont tous deux déplacés pour soutenir sa campagne.
Lorsque le Tea Party n'a pas de candidat préféré dans un Etat, les organisations de donateurs liés à ces mouvements restent pragmatiques et choisissent de financer les Républicains traditionnels.
Autre élément qui fait du Tea Party une force politique décisive, surtout lors des midterms: la base des militants est très motivée, et contrairement à la plupart des Américains, se déplace pour aller voter. Un récent sondage de l'institut Gallup révélait que 73% des sympathisants du Tea Party se disaient «extrêmement motivés pour aller voter», contrairement à 57% des Républicains et 42% des non Républicains. Conclusion des sondeurs:
«Bien que le Tea Party ait été moins visible pendant cette campagne... la forte motivation de la base indique que le mouvement aura un effet décisif sur les résultats des élections.»