Le 4 novembre, les Américains éliront 36 gouverneurs, 36 sénateurs et renouvelleront la Chambre des représentants. Les Républicains, qui contrôlent déjà la Chambre, pourraient aussi devenir majoritaires au Sénat. Et pourtant, tout le monde s'en fiche.
Même les commentateurs politiques admettent un ennui profond. Pour le chroniqueur David Brooks dans le New York Times, «la campagne de 2014 est la plus ennuyeuse et la moins inspirée dont je me souvienne».
Seulement 15% des Américains disent suivre de près les campagnes, et plus la date du vote approche, moins les électeurs s'y intéressent.
«La campagne de 2014 est une campagne sur rien», résumait récemment un article du Washington Post.
Pour Peter Beinart dans The Atlantic, le problème est que, contrairement aux midterms précédentes, celles de 2014 ne sont définies par aucun enjeu politique central.
En 2002, juste avant les élections, le Congrès avait autorisé l'invasion de l'Irak.
«Comme George Bush avait accepté de nouvelles inspections de l'ONU... beaucoup pensaient que l'invasion pouvait encore être évitée. Les midterms étaient donc devenues un référendum sur la guerre», écrit Beinart.
En 2006, les élections étaient une sorte de référendum sur le retrait des troupes d'Irak, et en 2010, la campagne était dominée par la critique de la réforme de santé d'Obama et par la volonté républicaine de réduire l'intervention de l'Etat.
En 2014, aucun thème national n'a émergé. Les sujets d'actualité dominants sont l'épidémie d'Ebola et la menace de l'Etat islamique. Or l'élection d'un Sénat républicain ne changerait probablement rien à la manière dont ces problèmes sont traités.
Comme l'explique Ezra Klein dans Vox, quel que soit le parti qui gagne, cela ne changera pas grand-chose aux problèmes qui intéressent les électeurs au niveau national.
«Les Démocrates ne deviendront pas majoritaires à la Chambre des représentants, ce qui continue de bloquer leur capacité à faire avancer un agenda progressiste. Et si les Républicains gagnent le Sénat, ils pourront continuer à faire... ce qu'ils font déjà.»