Culture / France

Le guide de la Fiac pour tous

Temps de lecture : 3 min

Comment briller et jouer les connaisseurs, chiffres à l’appui, lors de vos prochaines conversations sur la Fiac et l’art contemporain.

Un visiteur regarde «portrait de famille avec nez rouge» de Hans-Peter Feldmann exposé à la FIAC 2014. Reuters
Un visiteur regarde «portrait de famille avec nez rouge» de Hans-Peter Feldmann exposé à la FIAC 2014. Reuters

L’art contemporain est tendance. Il faut en être. La 41e édition de la Fiac, la foire parisienne d’art contemporain, s’est ouverte au public jeudi 23 octobre. Avec l’aide d’Artprice, voilà donc un petit guide pour vous permettre de briller et de jouer les connaisseurs, chiffres à l’appui, lors de vos prochaines conversations sur la Fiac et plus généralement sur l’art contemporain.

Toujours plus haut

Première règle: affirmer que le marché de l’art contemporain ne connaît surtout pas la crise.

Le produit des ventes aux enchères publiques d'art contemporain (artistes nés après 1945) a dépassé 1,5 milliard d’euros en 2013, en hausse de 34,3% par rapport à 2012. Il s’agit de la meilleure année de son histoire

Le marché français de l’art contemporain est à la 4e place dans le monde, mais avec seulement un peu moins de 3% des ventes (26,3 millions d’euros) très loin derrière la Chine, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Les deux leaders du marché génèrent à eux seuls 78% des recettes mondiales contre 15% pour le Royaume-Uni.

La Fiac compte encore

Deuxième point marquant: rappeler que la multiplication des foires d’art contemporain dans le monde est la grande tendance des dix dernières années. Il y en a plus de 200 aujourd’hui, contre 70 en 2005 et à peine une vingtaine dans les années 1980.

Face à cette explosion, la Fiac tient son rang avec près de 73.000 visiteurs l’an passé. Pour preuve, la foire de Frieze, dont la 11e édition vient de s’achever à Londres, a attiré près de 69.000 personnes et la première foire d’art contemporain créée en juin 1970 à Bâle en Suisse a fait se déplacer près de 90.000 amateurs en juin. Les autres grandes foires sont aux Etats-Unis avec Art Basel Miami Beach et l’Armory Show à New York. Plus inattendu, les deux foires d’art contemporain les plus visitées dans le monde sont l’Arco à Madrid avec 150.000 visiteurs et Arte BA à Buenos Aires avec 100.000 visiteurs.

Les artistes français à la traîne

Troisième tendance: si vous voulez tout de même faire un peu de French bashing, faites-vous plaisir en rappelant que les artistes français contemporains sont quasi inexistants sur la scène mondiale.

Sous la nef du Grand Palais, parmi les 1.451 artistes montrés, il y a peu de Français, moins que d’Américains et à peine plus, à Paris, que des Allemands. Au passage, on peut constater que les artistes asiatiques sont peu nombreux à la Fiac. C’est d’autant plus étonnant que la Chine, dont les artistes réalisent 40% des ventes d'art contemporain dans le monde, représente moins de 3% des artistes exposés au Grand Palais.

Les artistes les plus accrochés lors de cette Fiac sont donc trois Américains: Jean-Michel Basquiat, Jeff Koons et Christopher Wool, un Ecossais: Peter Doig et un Chinois: Zeng Fanzhi. Ils détiennent chacun un record d’enchères supérieur à 10 millions d’euros. Et aucun des 8 artistes français contemporains figurant dans le top 500 n’est exposé: ni Robert Combas, ni Philippe Pasqua, ni Richard Orlinski.

Mais si vous voulez faire preuve de contradiction, vous pouvez toujours affirmer haut et fort que vous ne croyez pas au «nationalisme artistique» tout comme Bernard Arnault.

Confusion entre contemporain et moderne

Dernier point fort: souligner le caractère «old fashion» de la Fiac. Moquez-vous «gentiment» de l’âge de certains artistes, en stigmatisant la frontière floue et extrêmement perméable entre art moderne et art contemporain: Picasso (1881-1973), dont on célèbre cette semaine la réouverture du musée à Paris, apparaîtra dans 9 galeries différentes.

Il ne sera pas la seule grande figure de l’art moderne, puisque Vassily Kandinsky (1866-1944), Gustav Klimt (1862-1918) ou Edvard Munch (1863-1944) seront aussi exposés. Remarquez alors que certaines foires comme l’Armory Show à New York font clairement la différence en consacrant des espaces définis au moderne et contemporain.

Pour finir, il faut lâcher quelques noms qui promettent d’être les futures stars de demain et se sont déjà fait remarquer ces derniers mois dans des ventes publiques comme: Oscar Murillo, Jacob Kassay, Ryan Sullivan ou Hugh Scott-Douglas et souligner la précocité de deux jeunes artistes qui ont tout juste 25 ans: Lucien Smith à la galerie new-yorkaise Skarstedt et Philipp Timischl à la galerie francfortoise Neue Alte Brucke.

Enfin, on peut aussi sortir des grandes institutions et découvrir d’autres lieux comme le salon Zurcher initié par la galerie du même nom, qui accueille de jeunes galeries américaines et canadiennes, le YIA installé au carreau du Temple qui fait la promotion des scènes émergentes et la Slick Artfair qui se tient toujours pour sa 9e édition au Pont Alexandre III.

Voilà, vous êtes incollables.

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