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Internet ne nous garde pas dans une bulle: une étude contredit la théorie d'Eli Pariser

Temps de lecture : 2 min

Au contraire, les réseaux sociaux nous permettraient d'être confrontés à des opinions diverses et donc diminueraient la polarisation.

Salve a terra/Danilo Ramos via Flickr CC licence by

Oubliez tous les reproches que vous avez pu lire sur cet Internet qui vous radicaliserait. L’utilisation des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter engagerait au contraire les internautes à être confrontés à des opinions politiques diverses. C’est ce qu’affirme le site NiemanLab citant une étude d’un doctorant en science politique de l’Université de New York, Pablo Barberá. Celui-ci, dans How Social Media Reduces Mass Political Polarization (Comment les médias réduisent la polarisation politique massive), revient sur l’idée selon laquelle les réseaux sociaux créeraient une caisse de résonnance de nos propres opinions politiques.

Ce concept, développé par Eli Pariser, est connu sous l'expression «bulle de filtres» ou «filter bubble» en vo: chaque internaute accède à un contenu personnalisé en fonction de ses opinions (notamment politiques). Ces bulles de filtres entraîneraient une radicalisation des internautes, ces derniers ne se voyant proposer que des informations susceptibles de les «intéresser», c'est-à-dire des informations les confortant dans leurs opinions (nous vous expliquions en décembre 2013 comment «éclater» ces bulles).

Pablo Barberá a étudié un échantillon de plusieurs millions d’utilisateurs de Twitter et Facebook originaires d’Allemagne, d’Espagne et des Etats-Unis, recoupés avec les comptes de personnalités et de partis politiques, des médias et des journalistes influents. Et le doctorant arrive à une conclusion qui remet en cause la théorie d’Eli Pariser. Selon lui, Internet ne vous pousse pas à la radicalisation car l’hétérogénéité politique de vos contacts en ligne (souvent plus étendue que dans la vie réelle) vous confronte davantage à des opinions contraires.

Pour ce faire, Pablo Barberá a constitué un panel représentatif de la population étudiée et a suivi l’évolution de leurs prises de positions sur les réseaux sociaux, puis les a mises en relation avec le degré d’opinions différentes auxquelles ils étaient confrontés.

Selon lui, il a «apporté la preuve empirique […] démontrant que la confrontation à la diversité des opinions politiques sur les réseaux sociaux avait un effet positif sur la modération des idées, réduisant ainsi la polarisation massive des individus».

Le mécanisme agit finalement de manière tout à fait naturel: les rencontres que vous faites dans le cadre de votre travail, de vos voyages, vos anciens camarades de classe que vous ajoutez à vos réseaux sociaux, ou même les internautes amusants que vous suivez sur Twitter, sont autant de personnes qui vous confrontent à des opinions diverses.

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