La récente publication aux Etats-Unis du livre pour enfants The Sleeper and the Spindle a fait parler pour une raison simple: Blanche-Neige réveille la Belle au bois dormant grâce à un baiser sur la bouche. Une thématique homosexuelle revendiquée, mais qui s’inscrit dans une tendance déjà bien ancrée: Blanche-Neige est devenue rebelle.
Le site Tor.com propose ainsi de faire l’inventaire des récentes réinventions du personnage de Blanche-Neige. Plus question de passer ses journées à chanter sur les oiseaux et à manger des pommes empoisonnées offertes des inconnues peu avenantes. Outre The Sleeper and the Spindle, d’autres livres transforment l’heroïne. Elle devient une bureaucrate froide et calculatrice dans Fables, et une cow-boy en fuite avec un cheval nommé Charmant dans Six-Gun Snow White. Le cinéma n'est pas en reste puisque deux récents films souhaitaient changer l'image du personnage. Dans Blanche-Neige (2012), elle devient experte dans le maniement de l'épée et libère elle-même le prince des griffes de sa belle-mère, interprétée par Julia Roberts. Dans Blanche-Neige et le Chasseur (toujours en 2012), l'expressive Kristen Stewart campe une princesse en armure et dirige une armée à elle seule.
La série Once Upon a Time propose également une vision originale du personnage de Blanche-Neige, certes habitée par des idéaux de justice et de bien, mais qui évite toute naïveté. «C’est excitant de voir une incarnation de la princesse qui réussit à prendre tous les aspects de la féminité que beaucoup voient comment des signes de faiblesse, pour les transformer en force», raconte Tor.com.
Blanche-Neige dans la série Once Upon a Time.
«Bureaucrate, hors-la-loi, pourvoyeuse d’espoir, bandit, chevalier, secouriste, princesse lunaire… Qui a besoin de sept nains quand on a autant de variations de Blanche-Neige?», conclut le site.
Promouvoir la figure de la princesse débarrassée des clichés qui l’ont habitée pendant des années, c’est aussi l’objectif que s’est donné l’ancien employé de chez DreamWorks, Jason Porath, avec son site Rejected Princesses. Comme il l’explique à NPR, il voulait avec ce projet prouver que «tout le monde n'est pas une princesse brillante et heureuse. Il y en a qui sont des héroïnes, d'autres qui sont des vilaines, et aussi juste des personnes bizarres».
Sergent Mariya Oktyabrskaya, de l'armée soviétique, qui acheta un tank qu'elle nomma Fighting Girlfriend pour venger son mari, tué par des Nazis pendant la guerre. (Jason Porath)
Depuis quelques mois, un personnage Disney a fait irruption dans la culture pop et semble suivre ce mouvement: Elsa, plus connue sous le nom de Reine des Neiges. La chanson Let It Go, récompensée aux Oscars et hit mondial, est devenue un hymne du passage à l’adolescence pour beaucoup d’enfants, si l’on en croit The Guardian. Selon le journal, «c’est le premier film Disney qui n’a pas de méchant sans ambiguïté, et où l’on retrouve une chanson qui décrit comment les adolescents se comportent plutôt que comment ils devraient se comporter».
La Reine des neiges est aussi devenue un symbole pour une partie de la communauté LGBT, comme l’expliquait Ryan C. Robert sur le site Qodda en janvier dernier:
«Disney n’avait peut-être pas prévu que son personnage Elsa ait une histoire qui permette un parallèle aussi facile avec le fait de grandir caché dans le placard, mais c’est arrivé. Et nous allons le célébrer.»
De quoi détrôner Blanche-Neige de son rang d’icône rebelle et indépendante? Il fallait bien une petite rap battle pour y répondre.