Dans Gone Girl, le nouveau film de David Fincher, on voit à un moment le personnage de Nick Dunne (Ben Affleck) assis à la table de sa cuisine, sur laquelle trône une bouteille d'une liqueur appelée Singani 63: une eau-de-vie produite en Bolivie depuis plusieurs siècles, proche du pisco chilien et péruvien, et qui est considérée comme la liqueur nationale du pays.
Un «placement de produit inattendu», selon le blog Brands and Films, mais qui ne doit rien au hasard: la marque appartient à un collègue du réalisateur, Steven Soderbergh –le «63» fait référence à l'année de naissance de celui qui devint, en 1989, le plus jeune lauréat de la Palme d'or pour Sexe, mensonges et vidéo. Les deux hommes sont en effet amis et se jettent régulièrement des fleurs en interview –dans un entretien accordé à la Frankfurter Allgemeine Zeitung en 2012, Soderbergh se disait ainsi «admiratif de la virtuosité» de Fincher, qui lui-même avait auparavant fait part de son admiration pour son confrère.
Dans une récente interview au site K&L Wine Merchants, Soderbergh a raconté la petite histoire de cette pub (quasiment) gratuite:
«Il m'a appelé et m'a demandé de lui en envoyer quelques bouteilles. Puis quelques jours plus tard, il m'a envoyé une capture d'écran montrant une image de Ben Affleck assis à la table de sa cuisine avec la bouteille juste à côté de lui. C'était très sympa de sa part.»
Comme l'expliquait Slate.com en avril dernier, Soderbergh a découvert le Singani en Espagne en tournant Che. «J'ai noté trois choses. Je pouvais le boire avec de la glace. Il me faisait vraiment du bien, et cela très vite, et enfin, le lendemain, je me sentais en forme», expliquait alors le réalisateur, qui disait avoir pensé à la fin du tournage: «Cela serait vraiment bien si nous pouvions avoir cela aux Etats-Unis.»
Le cinéaste s'est ensuite associé avec une distillerie afin de lancer sa propre marque. Dans son interview à K&L Wine Merchants, il expliquait avoir envisagé ce projet comme un film indépendant, en débutant à petite échelle:
«Il allait nous falloir aller d'un côté quand les gens vont de l'autre. Nous avons donc commencé par New York, nous nous sommes fixés un agenda et un budget et nous avons voulu voir ce que ça donnerait. Une fois l'intérêt du projet prouvé, nous pourrions trouver un plus gros distributeur pour nous aider. [...] Dans l'industrie du film, nous appelons cela le "four-walling": vous louez un cinéma et vous y projetez votre film.»