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Cette cuisine thaï est-elle bonne? Le robot du gouvernement est là pour le dire

Temps de lecture : 2 min

Porc noix de cajou via Wikimedia Commons
Porc noix de cajou via Wikimedia Commons

Au cours de ses déplacements diplomatiques, l’ancienne Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra a été régulièrement choquée par la médiocrité des restaurants thaï à travers le monde.

Elle a donc créé le comité «Délicieux Thaïlandais», une agence de défense gastronomique composée de membres du gouvernement, d'universitaires, d'un chef et d'un critique gastronomique. Cette police culinaire vient de dévoiler l'«e-delicious», une machine qui analyse la composition des currys et des soupes afin de les comparer aux standards établis par les autorités, rapporte le New York Times.

Créé par un spécialiste en nanotechnologie, le robot, en fait une «langue électronique», utilise des capteurs et une technologie sensorielle pour évaluer le goût et l'odeur de certains plats.

Les standards culinaires utilisés par l'e-delicious ont été établis avec l'aide de plusieurs goûteurs humains.

Ainsi, pour déterminer la «vraie» recette de la soupe Tom Yam, dont le bouillon épicé est fait avec des feuilles de combava (citron vert thaïlandais) et de la coriandre, une centaine d'étudiants et d'employés de l'université Chulalongkorn ont goûté dix versions de cette spécialité. La mieux notée a été considérée comme le modèle, et les coordonnées chimiques de cette version ont été saisies dans la machine.

Un journaliste a testé le robot avec un curry vert servi dans le restaurant du Club des correspondants étrangers à Bangkok. Le plat a obtenu une note de 78 sur 100, ce qui n'est pas acceptable selon le comité Délicieux Thaïlandais (il faut obtenir au moins 80).

Un entrepreneur rêve de commercialiser le robot (qui coûte actuellement 14.000 euros) et de le vendre à chaque ambassade de Thaïlande dans le monde, afin que cet outil d'évaluation «scientifique» réduise le nombre de mauvais restaurants thaï.

En effet, certains plats peuvent être difficiles à reproduire, notamment car des ingrédients comme le tamarin ou le galanga (une sorte de gingembre) ne sont pas disponibles partout.

Il y a deux ans, le gouvernement avait déjà introduit le label Thai Select pour distinguer les restaurants qui servent de vrais plats thaï. Le site officiel recense tous les restaurants qui ont obtenu cette certification en France et dans le monde. Pour être classé «Thai Select», un établissement doit utiliser au moins 30% d'ingrédients frais venant de Thaïlande, et la formation du chef doit être reconnue par le gouvernement thaïlandais.

Pour certains, cette idée de contrôle d'authenticité est un peu absurde.

«Dans mes établissements, les mots authentique et traditionnel sont bannis», expliquait récemment le chef américain Andy Ricker, qui a vécu plus de vingt ans en Thaïlande avant de revenir aux Etats-Unis pour créer plusieurs restaurants thaïlandais réputés. Il explique que ses chefs thaïlandais ont souvent des idées très différentes des ingrédients à mettre dans un plat donné. La question de l'authenticité est assez compliquée, et c'est le même problème dans toutes les cuisines:

«Demandez à 20 chefs mexicains de faire une salsa aux tomates vertes, et vous obtiendrez 20 versions différentes.»

L'important est surtout que le plat soit bon. Or pour juger de la subtilité des saveurs, le critique gastronomique humain sera toujours plus performant que le robot.

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