Le Washington Post publie un reportage réalisé dans le Starbucks le plus secret de la chaîne: la boutique est située au cœur du George Bush Center for Intelligence à Langley, en Virginie, qui n’est autre que le siège de la CIA.
«C’est l’un des Starbucks les plus pactifs du pays, avec un public captif qui a un désir insatiable de café, composé de milliers d’analystes et d’agents, d’économistes et d’ingénieurs, de géographes et de cartographes qui travaillent à rassembler des renseignements et à lancer des opérations clandestines dans quelque endroit violent dans le monde».
«Les gens doivent être vigilants et passent des heures à éplucher des masses de documents. S'ils ratent un mot, des gens peuvent mourir», explique un spécialiste du renseignement, Vince Houghton.
L'établissement est un «Starbucks furtif», aussi surnommé «Store number 1» («Magasin numéro 1»), et n’a pas d’existence officielle… Contrairement à la coutume de la chaîne, les «baristas» ne doivent pas écrire le prénom ou le surnom du client sur sa tasse de café, afin de ne pas stresser inutilement les agents qui travaillent sous couverture. Autre restriction, la boutique ne propose pas de carte de fidélité: ce serait risquer que les données soient récupérées par des tiers et tombent dans de mauvaises mains. Les employés eux-mêmes font l’objet d’une enquête sur leur passé et doivent être accompagnés par des gardes quand ils quittent leur lieu de travail.
Le Starbucks a vocation a être un lieu de détente et doit «humaniser» un environnement de travail stressant: les employés travaillent pour beaucoup dans des bureaux sans fenêtre, et ils n’ont pas le droit d’amener leurs téléphones personnels sur leur lieu de travail.
La journaliste raconte que le Starbucks sert aussi de point de rendez-vous pour les entretiens d’embauche. Un des adjoints de l’équipe qui a localisé Ben Laden aurait été recruté sur place. A part ça, le vanilla latte et le gateau au citron sont les bestsellers, et la décoration du café est semblable à celle des milliers d'autres boutiques à travers le monde.
Le goût du secret est évidemment central dans la culture de la CIA, mais l’existence du Starbucks furtif était connue, la rumeur lui attribuant d’être le plus rentable des Etats-Unis. Pendant dix ans, jusqu’en 1973, la CIA n’indiquait la sortie d’autoroute menant à ses locaux qu'en utilisant des noms d’organisations fictives, comme «l’Administration fédérales des autoroutes». Elle s’est décidée à mettre «CIA» sur un panneau puisque de toute manière tout le monde savait où menait la route.