Dans le monde entier, les ventes de CD chutent d'année en année. Entre 2000 et 2010, aux Etats-Unis, elles ont diminué de plus de 50%. Au cours des six premiers mois de 2014, seulement 62,9 millions de CD ont été vendus, soit moins de la moitié des chiffres de 2009, sur six mois, qui s'élevaient à 136,4 millions, explique le Wall Street Journal.
Cette tendance se vérifie presque partout... sauf au Japon, second marché mondial de vente de musique. Si les ventes de CD y ont également baissé, elles représentent toujours 85% de celles de l'industrie musicale, explique le New York Times.
Parallèlement, selon la Recording Industry Association of Japan, le marché numérique s'érode tout doucement, passant d'1 milliard de dollars en 2009 à 400 millions l'année dernière. Le climat protectionniste au Japon provoquerait une sorte de méfiance à l'égard du numérique, explique le New York Times. Depuis plus de deux ans, les négociations entre Spotify et les maisons de disques japonaises pour entrer dans le pays s'enlisent. Même sur les plateformes déjà implantées au Japon, comme Sony, il n'est pas rare que les chansons les plus populaires n'y soient pas présentes.
Les rapports complexes avec les sociétés qui contrôlent les droits de la musique ne constituent pas une explication suffisante à la réticence des Japonais à se tourner vers les achats numériques.
Selon le New York Times, cette population est particulièrement attachée au produit lui-même (la pochette, les extras...) et à la collection. Pour Robert Pool, de Something Drastic, une entreprise située à Tokyo qui promeut la musique et organise des évènements, cité par the Independent, il faut également se souvenir d'un autre trait de la culture japonaise, le rejet du piratage:
«C'est une caractéristique d'une société unique dans laquelle le vol est considéré comme immoral, même à ce niveau. Comme le marché du CD demeure élevé, les grandes maisons de disques ont moins de pression que celles des autres nations pour développer le système de vente numérique.»
Cependant, certains analystes sont inquiets, écrit le New York Times, ils soutiennent que si ce pays ne s'adapte pas à la musique en ligne, «un déclin inévitable des ventes de CD endommagera ensuite davantage l'industrie».