Les stars qui ont enfanté sont en général assez peu avares en détails sur leur nouvelle qualité de mère. Du classique «oubliez ma filmographie, mon plus beau rôle c’est maman» à Beyoncé qui fait monter sa fille Blue Ivy sur la scène des MTV Video music Awards, en passant par Megan Fox qui s’est fixée comme nouvelle mission de raconter tout (mais vraiment tout) ce que la maternité a changé dans sa vie, on en sait plus qu’il n’en faut sur la vie de famille des célébrités.
A l’opposé, on ignore tout ou presque de ces actrices, chanteuses, entrepreneures ou femmes politiques américaines qui, elles, n’ont pas eu d’enfant. Peut-être parce qu’elles sont elles-même assez peu loquaces sur la question, peut-être aussi parce qu’elles intéressent moins la presse. Quand les médias évoquent le fait que Jennifer Anniston n’a pas d’enfant à 45 ans, c’est pour la plaindre et toujours en la comparant défavorablement à Angelina Jolie, qui elle, est à la tête d’une famille nombreuse.
Pour les célébrités, tout comme pour les anonymes, le fait de ne pas être mère au-delà de la trentaine (parfois avant) est presque toujours considéré comme un problème et quasiment jamais comme un choix éclairé et réfléchi.
En France, une étude de l'Ined a révélé que l'«infécondité volontaire» concernait 4,3% des femmes. Pour Charlotte Debest et Magali Mazuy, auteures de l'enquête, il existe bien une pression sociale «forte à tous les âges»:
«L'arrivée d'un premier enfant fait toujours partie du parcours conjugal attendu, l'absence d'enfant pouvant renvoyer à un dysfonctionnement.»
Les femmes, responsables de l'avenir du monde
C'est donc un choix qui reste mal perçu, en particulier quand il concerne les femmes (alors que 6,3% d'hommes ne veulent pas d'enfants) et la pression qui s'exerce sur ces femmes est diffuse mais pregnante. Dans Et toi quand est-ce que tu t'y mets, Veronique Cazot avait parfaitement décrit quels reproches étaient faits aux childfree et comment ils étaient nécessairement taxés d'égoïsme et d'immaturité.
«Les filles sont conditionnées dès le plus jeune âge à devenir mère. C’est la fin heureuse de tous les contes de fée.(...) Toute la société est construite sur ce modèle unique. C’est le seul qu’elle reconnaît et qu’elle avantage moralement et socialement. Une femme normale veut FORCÉMENT des enfants. Sinon, c’est qu’elle a FORCÉMENT un problème.»
Le réseau Childfree sur Internet a d'ailleurs publié un bingo recensant les critiques et les questions auxquelles ont droit toutes celles qui ont fait le choix de la non maternité: «Et si tes parents avaient fait le même choix?», «Vouloir des enfants c'est la nature humaine», «Si tout le monde faisait comme toi, l'humanité n'irait pas très loin».
Autant de petites phrases qui prouvent que l'on fait bien peser sur les femmes l'immense responsabilité de l'avenir de la civilisation. Les nullipares volontaires représentent également une source d'angoisse parce qu'elles auraient choisi de privilégier l'épanouissement personnel et non la famille, valeur si rassurante encore aujourd'hui. Pourtant, quand on prend la peine de leur poser la question, elles sont tout à fait capables de dire que ce choix est le fruit de réflexions autrement plus complexes que le simple «moi d'abord».
Le New York Mag a collecté les rares mais bien réelles déclarations de célébrités qui n’ont pas eu d’enfant par choix.
Oprah Winfrey (The Hollywood Reporter – décembre 2013)
«Si j'avais des enfants, ils me détesteraient... Ils auraient probablement besoin de d'aller dans des émissions comme la mienne pour parler de moi; parce qu'il aurait bien fallu que des gens souffrent [du fait que je sois mère]: et ça aurait probablement été mes enfants.»
Katharine Hepburn (Kate remembered - publié en juillet 2013)
«J'aurais été une mère terrible, parce que je suis fondamentalement une personne très égoïste. Ce qui n’a pas empêché la plupart des gens de devenir parents.»
Marisa Tomei (Manhattan magazine – 2009)
«Je ne suis pas très fan du mariage en tant qu’institution, et je ne comprends pas pourquoi les femmes ont besoin d’être mères pour êtres considérées comme des êtres humains "complets".»
Angelica Huston (Cinema.com – novembre 2011)
«Je suis dans tous mes états quand je dois dire au revoir à mon chien avant de m’absenter plus de cinq jours. Je ne sais pas comment je me débrouillerais pour embrasser mon enfant avant de partir travailler. Je sais qu’il y a des femmes qui y arrivent parfaitement. J’ignore si cela aurait été mon cas.»