France

Mais qu'est-ce que François Hollande a fait au Bon Dieu?

Temps de lecture : 4 min

Si l'incroyable série de déboires conjoncturels, de mauvais choix d'hommes et de soucis privés qui le touchent marquent autant, c'est aussi parce qu'ils concernent un homme qui est paru plutôt chanceux lors de son début de carrière politique et son accession à l'Élysée.

François Hollande à l'île de Sein, le 25 août 2014.
François Hollande à l'île de Sein, le 25 août 2014.

Si l’on interviewait Moïse aujourd’hui, il vous dirait que sans l’aide du Très-Haut, la mer ne se serait jamais écartée devant lui. François Hollande a-t-il aujourd’hui le Très-Haut contre lui? On peut légitimement se poser la question tant, depuis son élection, il pleut sur lui. Les cieux sont devenus frondeurs. Invariablement. Inexorablement, ils l’accablent.

La pluie l’a humilié comme personne, elle s’est abattue avec force et constance sur ses défilés, ses commémorations et ses hommages... Verlaine dirait, dans son cœur… S’il en a un, rajouterait Valérie T.

L’homme, pourtant, semblait béni des dieux avant son élection, lorsque DSK se disloqua sous ses pieds comme le colosse de Rhodes, que Martine Aubry parut soudain trop sectaire, que Ségolène Royal fut écartée comme «has-been» et que Nicolas Sarkozy se consuma sur les hauteurs de l’Olympe. Cette chance d’avancer puis de gagner en laissant faire le sort favorable, sans lever le petit doigt, avait quelque chose d’irrationnel. Entre Faust et Dorian Gray. Quel pacte François Hollande avait-il alors scellé en secret pour être à ce point dans l’alignement parfait des planètes? Mystère.

La chance, François Hollande en a eu à ses débuts, puisqu’il est sorti de l’ENA à l’heure où la gauche triomphante revenait au pouvoir après vingt ans de traversée du désert. Il est élu député, dans la foulée et la logique, non sans talent, il faut dire. Une génération née sous une bonne étoile, qui n’a pas connu à ses débuts les affres de l’opposition où l’on doit longtemps affûter ses couteaux, limer ses crocs, polir sa cuirasse avant d’entrer sur le champ de bataille.

La malchance viendra sous la forme de l’ambition féroce de sa compagne Ségolène Royal, qui n’est pas prête à lui laisser le ministère de l’Environnement que lui offre François Mitterrand en 1992. Elle plaide sa cause auprès du Sphinx mais celui-ci refusera de voir un couple au gouvernement. Le dévouement ségolénien s’arrêtera là. La fulgurance et le talent de sa compagne occulteront le jeune premier qui, dans l’ombre, apprend à prendre son temps. Sa chance, ce sera ce temps long, l’attente patiente que le sort lui sourie.

Puis enfin, la fortune revient. Il l’a senti, il se lance. Bingo! La précampagne de 2012 voit tous ses rivaux tomber devant lui sans qu’il n’ait à les vaincre. Et à la fin, il se retrouve face à un Nicolas Sarkozy qui perd tout seul. Le veinard François Hollande est plus élu par la défaite de son adversaire que par l’adhésion à sa personne.

Et voilà qu’immédiatement à l’Elysée, la roue tourne. La malchance revient comme une acharnée, avec continuité. A peine élu, les éléments se déchaînent, la foudre frappe l’avion présidentiel lors de son premier déplacement en Allemagne. L’appareil fait demi-tour. La déesse Gaïa, Zeus et Jupiter se liguent contre lui. Tout est malheur. Tout est tonnerre. Chacun de ses pas résonne dans une flaque. Chaque goutte d’eau reflète son calvaire météo. Son déplacement à l’île de Sein, en Bretagne, en sera la pire des illustrations, au point que l’on est tenté de rappeler ce dicton fatal: «Qui voit Sein voit sa fin». La buée qui apparaît sur ses lunettes est à l’image de son horizon. Flou. Incertain. Bouché.

Hollande sait que le ciel est un ennemi puissant. En voyage officiel au Maroc, en avril 2013, où le temps est généralement clément, la pluie s’abat sans discontinuer sur les cérémonies officielles. Pour dérider la communauté française qui patauge sous la pluie, le chef de l'État, comme à son habitude, masque ses déboires par l’humour, citant le maréchal Lyautey: «Gouverner, c’est pleuvoir».

Il pleut aussi sur le gouvernement puisque c’est, là, au Maroc, que la tourmente Cahuzac atteint sa phase ultime. Le ministre du Budget a démissionné et dans la précipitation, juste avant de s’envoler pour le Maroc, Hollande doit annoncer des mesures sur la transparence de la vie publique. Une goutte d’eau dans un océan de discrédit. Mauvais timing, mais raccord météo. Oui, gouverner, c’est pleuvoir.

«Les emmerdes volent toujours en escadrille», prophétisait Chirac. Sur Hollande, c’est en giboulées. Le veinard devenu poissard. Même Leonarda ne lui fera pas de quartier. Il ne manquait plus qu’une gamine de 15 ans pour couronner la débâcle. Heureusement qu’il pouvait compter sur ses fidèles conseillers comme Aquilino Morelle. On connaît la suite… Sa paire de chaussures. Roland Dumas vous le disait, il faut toujours se méfier des chaussures. Elles sont traîtresses.

Heureusement, le salut viendra de la jeunesse. La jeune garde socialiste qui attend son tour de manège. Eux, n’ont pas été nourris aux congrès mortifères, aux combinazzione et aux querelles byzantines dont le vieux PS solférinien a le secret. Ils sont pragmatiques, modernes, médiatiques. Comme Thomas Thévenoud, par exemple. La bonne idée que de le nommer ministre. Un petit jeune qui respectera la discipline gouvernementale. Pas de chance. Pas de pot. C’était justement celui qu’il ne fallait pas choisir. Le chérubin était en délicatesse avec le fisc.

Et voilà Valérie, comble du comble … La foudre d’une femme trahie est bien pire que la colère de tous les dieux réunis.

Ni la météo, ni les hommes, ni la conjoncture, ni les femmes, rien, plus rien ne lui sourit plus. Tout l’accable. Tout l’enfonce. Mais enfin, Monsieur le Président, qu’avez-vous fait au Bon Dieu?

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