La question n’est plus de savoir si prendre des photos de soi nu est «bien» ou «mal». Le «fappening» (quand des dizaines de photos et de vidéos intimes de stars comme Jennifer Lawrence, Avril Lavigne, Rihanna, Kirsten Dunst, Aubrey Plaza ou encore Winona Ryder ont été publiées sur Internet le 31 août), nous a rappelé combien protéger ses propres sextos est important.
Les photos suggestives font désormais partie du quotidien des jeunes adultes occidentaux. Les études le démontrant se fondent sur des échantillons restreints, mais avancent des chiffres significatifs: 56% des Français, âgés de 25 ans à 44 ans, ont déjà envoyé des selfies coquins selon un sondage commandé par l'éditeur de logiciels McAfee, 67% des Américains, tous âgés de 21 ans en moyenne, admettaient avoir fait de même l'année précédente.
Une des solutions pour que ces photos ne fuitent pas est bien sûr de ne pas prendre de telles photos. Mais, au lieu de prêcher l'abstinence, pourquoi ne pas faire en sorte que les smartphones protègent eux-mêmes leurs utilisateurs?
C'est en tout cas la question que pose Farhad Manjoo, journaliste au New York Times (et ex-journaliste à Slate.com). Selon lui, il est temps que l'industrie high-tech commence à réfléchir à un moyen plus sûr de protéger le partage du contenu de nos téléphones. Il ne s'agirait pas, à l'image des policiers canadiens, de créer une appli «anti-sexto» qui répondrait sèchement à votre place à toutes requêtes de photos dénudées, mais de proposer à l'utilisateur d'activer un système de sécurité supplémentaire à chaque prise de photo intime.
Une détection de nudité
«Il semblerait que vous ayez pris une photo intime. Voulez-vous la crypter et lui attribuer un mot de passe?»
C'est, par exemple, ce que votre smartphone pourrait vous suggérer. Mieux, si vous avez fait le choix de relier automatiquement votre téléphone à un réseau de stockage en ligne, ce dernier pourrait même vous demander la permission avant de l'enregistrer sur le «Cloud».
Rien d'impossible là-dedans. La détection de visage et d'objets est déjà présente sur la plupart des appareils photos numériques. Pourquoi la détection de corps nus ne le serait-elle pas? Avec une simple gamme de mesure de couleurs, certains algorithmes seraient capables de détecter la nudité dans 90% des cas.
Relié à un système de protection parentale, l'algorithme pourrait éviter l'enregistrement de contenu pédopornographique si l'utilisateur du téléphone n'a pas encore atteint sa majorité.
Sceptiques? Pas d'inquiétudes. Les créateurs de smartphones, s'ils envisageaient la solution de détection de nudité, n'auraient pas d'intérêt à l'imposer. Il ne s'agirait idéalement que d'une option à activer dès l'achat au bon vouloir du client.