Cet article a été actualisé, lundi 8 septembre à 11h15, avec le démenti du parquet de Paris et les propos de Didier François sur Europe 1.
«Je vais faire cinq fois Merah le 14-Juillet.» Selon Libération du lundi 8 septembre, Mehdi Nemmouche, suspect de la tuerie du Musée juif de Bruxelles, et dont il vient d'être révélé qu'il avait été geôlier des otages français en Syrie, se vantait vouloir commettre «au moins un attentat en France, au cœur de Paris», en l'occurrence sur les Champs-Élysées pendant le défilé de la fête nationale. C'est en tout cas ce qu'il affirmait aux otages, entendus par la DGSI après son arrestation à Marseille, le 30 mai.
Une information que le parquet de Paris a démentie lundi matin, expliquant qu'«au stade actuel des investigations, aucun procès-verbal d'audition recueilli dans un cadre judiciaire ni aucun autre acte d'enquête réalisé à la suite de l'enlèvement et de la séquestration de Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres ne fait état d'un projet d'attentat sur le territoire national, en particulier le jour du 14 juillet à Paris».
Interviewé sur les ondes de son employeur Europe 1, l'un des ex-otages, Didier François, a lui expliqué que chez Nemmouche, «il y avait une espèce d'obsession antisémite, une obsession à vouloir imiter ou dépasser Merah, qui était en fait son modèle», mais n'a pas voulu commenter les informations de Libération.
Si l'on ne sait donc pas si Mehdi Nemmouche avait bien un projet établi d'attentat en France, et quel était le degré d'avancement de celui-ci, ces différents propos viennent une nouvelle fois souligner la «proximité» entre les parcours de Nemmouche et de Mohammed Merah, assassin de sept personnes (trois militaires, trois enfants et un parent d'élève) en mars 2012 à Toulouse.
«Mehdi Nemmouche, l'autre Merah», titrait déjà Le Figaro en juin après l'arrestation de Nemmouche. L'ancien directeur de la police nationale et conseiller national UMP à la sécurité Frédéric Péchenard expliquait alors sur Europe 1 que les deux hommes avaient «le même profil, celui d'un loup solitaire». Une comparaison également dressée par le spécialiste de l'islam Gilles Kepel tandis que l'ancien avocat de Merah, Christian Etelin, expliquait que Nemmouche était «le miroir de Merah».
À l'époque de son arrestation à Marseille, nous avions dressé une liste des nombreuses similarités entre Mehdi Nemmouche et Mohammed Merah: le motif antisémite des attaques, bien sûr, mais aussi un passé chargé de petit délinquant, une radicalisation en prison, des voyages de «formation» djihadiste à l'étranger, un fichage par des services de renseignement français qui ont ensuite perdu sa trace, et enfin le désir de garder une trace de ses actes via une caméra GoPro.
En juin, une source proche du dossier expliquait à l'agence Belga qu'en prison Nemmouche avait montré une «certaine fascination pour ce qu'avait fait Merah», tandis que Le Monde racontait qu'il avait demandé qu'on lui installe une télévision dans sa cellule pour suivre la cavale du «tueur au scooter». David Mantion, un surveillant de prison, expliquait alors à RTL.be:
«Tout de suite, il a demandé une télé pour s’informer. Il a complètement changé dans sa façon d’être. Il s’est dit "Je ne suis pas tout seul". Pour lui, c’était un modèle. Il était fier.»
Bien sûr, cette comparaison mérite d'être nuancée. Par exemple, si Merah a voyagé au Pakistan et en Syrie, on n'a pas de preuve qu'il y ait combattu. De plus, le jeune homme avait choisi de frapper chez lui, dans sa ville natale, là où Nemmouche, originaire de Roubaix, a d'entrée choisi de viser des grandes capitales.