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Pour dénoncer la solitude affective, un Berlinois veut passer 365 nuits avec 365 partenaires différents

Temps de lecture : 2 min

Mischa Badasyan
Mischa Badasyan

Pour dénoncer la solitude affective dont souffrent souvent les gays à l'heure où les sites de rencontre homo permettent de passer d'un partenaire sexuel à l'autre en quelques clics, un artiste berlinois vient de lancer début septembre une performance durant laquelle il s'impose de changer de partenaire sexuel chaque jour durant un an, rapporte le quotidien Die Welt.

Mischa Badasyan, 26 ans, confie n'avoir lui-même jamais eu de compagnon et d'avoir à défaut multiplié les one-night stands ces dernières années:

«Pendant l'acte, on a certes du plaisir et on est excité, mais après, en ce qui me concerne, je me sentais souvent mal. J'ai pleuré longuement, parce qu'il ne me restait rien de ce bref moment.»

Intitulée «Save the date», sa performance sera restituée sous la forme d'un journal intime vidéo qu'il compte tenir avant et après chaque rendez-vous quotidien. L'artiste explique à Die Welt ne pas vouloir informer ses partenaires sexuels de son projet artistique par crainte qu'ils ne «se sentent obligés d'être particulièrement performants». Mais affirme vouloir leur demander l'autorisation de filmer leurs ébats, qu'il refuse toutefois de restituer d'une manière crue, comme il l'explique à la revue artistique Monopol:

«Je ne fais pas de film porno, mon travail est très abstrait et minimaliste. Je filmerai par exemple seulement les pieds, la salle de bain, les toilettes ou ce genre de choses.»

Mischa Badasyan compte trouver ses coups d'un soir via les sites de rencontres gays qu'il fréquente habituellement. Si jamais il lui arrivait de ne trouver personne, il se dit prêt à se rendre dans un sex-club, dans un sauna ou dans une cruising area, un lieu de drague informel, voire même à accepter de coucher avec quelqu'un qui ne l'attire pas physiquement, au nom de l'art. Lui-même a le vertige en pensant aux 365 partenaires sexuels qu'il rencontrera au cours de l'année:

«Au bout de quelques mois, je vais mourir mentalement. C'est ce que je m'imagine. Ou bien, au contraire, il se pourrait aussi que je devienne une pétasse. Rien n'est joué. C'est une expérimentation sociale.»

Russe d'origine arménienne, Mischa Badasyan n'a jamais osé faire son coming-out dans son propre pays et sa famille continue d'ignorer son homosexualité. Il se considère comme un activiste et espère délivrer un message politique à partir de cette performance très intime, persuadé que beaucoup de Berlinois partagent son sentiment de solitude dans cette ville des mille possibilités:

«Je suis sûr que 80% des Berlinois sont super seuls. La plupart des gens qui passent leur nuits au Berghain et y vivent leur vie sexuelle se sentent nuls le lendemain au réveil.»

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