À un point près, Gaël Monfils, battu par Roger Federer en quarts de finale de l'US Open après avoir eu deux balles de match, a failli, note le New York Times, nous priver «de retrouvailles de coachs de haut niveau». Les demi-finales de la dernière levée du Grand Chelem opposeront en effet, samedi 6 septembre, Roger Federer, coaché par Stefan Edberg, à Marin Cilic, entraîné par Goran Ivanisevic; et Novak Djovokic, poulain de Boris Becker, à Kei Nishikori, dont un des entraîneurs est Michael Chang. Soit quatre anciens vainqueurs en Grand Chelem.
Une probable première, note Yahoo! Sports, rendue encore plus savoureuse par le fait que les quatre joueurs en questions font partie de générations «superposées», puisqu'ils ont été actifs ensemble sur le circuit entre 1988 et 1996.
Autant dire que tous ceux qui ont grandi avec le tennis des années 90 vont aspirer une grande bouffée de nostalgie... Au niveau des entraîneurs, ce sont pas moins de quatorze victoires en Grand Chelem qui sont présentes dans le dernier carré (six pour Edberg et Becker, une pour Chang et Ivanisevic).
«C'est dingue et c'est drôle de voir Michael, Stefan et Boris tous en demi-finales», a déclaré Goran Ivanisevic. «On a disputé tellement de grands duels ensemble, et maintenant on est assis là et on ne peut rien faire, juste applaudir et espérer que nos gars vont bien jouer et l'emporter. Maintenant, l'un de nous va gagner à nouveau un Grand Chelem, cette fois en tant qu'entraîneur. Lequel? Cela va être intéressant à voir.»
«Aujourd'hui, je miserais tout sur Goran»
Comme le note Yahoo! Sports, Becker a eu, en tant que joueur, un bilan positif contre ses trois «adversaires». Ivanisevic, Edberg et Chang ont chacun un bilan positif contre un des trois seulement.
Au niveau du passé en Grand Chelem, plusieurs «revanches» sont possibles. La demi-finale Djokovic-Nishikori sera, par joueurs interposés, celle de la finale de l'Open d'Australie 1996, gagnée par Becker contre Chang. En cas de finale Federer-Djokovic, comme c'était déjà le cas le mois dernier à Wimbledon, on aura un duel Edberg-Becker, qui s'étaient affrontés trois fois de suite en finale du tournoi britannique (victoires d'Edberg en 1988 et 1990, de Becker en 1989). Et en cas de finale Federer-Nishikori, cela sera une revanche de la finale de Roland-Garros 1989, que Michael Chang avait remportée à la surprise générale contre Stefan Edberg, privant le Suédois du seul titre du Grand Chelem qui manque à son palmarès.
Et si on remplaçait les joueurs par leurs coachs, dans leur forme tennistique d'aujourd'hui? L'Associated Press a posé la question à Jim Courier, contemporain de ce carré magique et lui-même quadruple vainqueur en Grand Chelem:
«Aujourd'hui, je miserais tout sur Goran. Il est en bonne forme physique et il a toujours son service supersonique. Michael joue toujours très bien. Stefan se déplace très bien, mais son service est devenu un peu plus retournable. Les hanches de Boris sont vraiment en mauvais état, il a été opéré. Et son bras gauche est un peu rouillé.»
Pas une martingale
Comme l'expliquait en décembre dernier notre spécialiste tennis Yannick Cochennec, le recrutement d'anciens champions comme coachs a donné des résultats nuancés dans le passé: de grands joueurs comme Mats Wilander, Jimmy Connors ou John McEnroe ont connu peu de réussite, tandis que Yannick Noah n'a pas su transformer ses triomphes en compétitions par équipes en succès auprès d'un seul joueur. D'autres, comme Tony Roche ou Ivan Lendl, ont su transformer l'essai.
«La question de l’ego constitue une grande difficulté que rencontrent les anciens champions lorsqu’ils souhaitent passer de l’autre côté de la barrière, nous expliquait Patrick Mouratoglou, l’entraîneur français de Serena Williams. Coacher, c’est se mettre au service de. La majorité des anciens champions ont tendance à se comparer au joueur qu’ils coachent et à leur trouver des défauts.»