Boire & manger / Égalités

Pour les Américaines, faire la cuisine est une source de stress intense

Temps de lecture : 2 min

REUTERS/Joshua Lott.
REUTERS/Joshua Lott.

Depuis quelques années aux États-Unis, la population est encouragée à se remettre à faire la cuisine. De Michelle Obama aux journalistes culinaires du New York Times, le message dominant est que cuisiner chez soi est moins cher, plus sain et favorable à une vie de famille épanouie.

Trois sociologues américaines de l’Université de Caroline du Nord ont voulu voir comment, au quotidien, les femmes essayaient d’atteindre cet idéal culinaire. Pendant un an et demi, elles ont interviewé 150 mères, dont la plupart travaillaient à plein temps, et ont passé 250 heures à observer douze familles.

Dans un article de la revue sociologique Contexts, elles concluent que l’idéalisation du repas de famille mijoté avec amour fait plus de mal que de bien, surtout aux femmes.

Les mères ont intériorisé le message selon lequel le repas maison «est le signe d’une famille stable et en bonne santé». Mais dans les faits, atteindre cet idéal leur pourrit considérablement la vie. Certaines passent le week-end à préparer des repas à l’avance pour ensuite servir des plats que leurs enfants et leurs conjoints critiquent ou rejettent.

«Nous avons rarement observé un repas au cours duquel un membre de la famille ne se plaignait pas de la nourriture servie», écrivent les chercheuses.

Dans l’état actuel des choses –avec de longues journées de travail et un déséquilibre hommes-femmes dans l’exécution des tâches ménagères–, faire la cuisine est une épreuve, pas une joie. Parmi les mères des classes moyennes, beaucoup ont indiqué avoir un rapport à la cuisine marqué par une forte anxiété, avec le sentiment de n'être jamais à la hauteur.

Il faut dire qu’en matière de cuisine, les Américains passent souvent d’un extrême à l’autre. Il y a, d’un côté, les urbains accros aux plats à emporter qui utilisent leurs placards de cuisine pour ranger leurs chaussures, et de l’autre, les mères de famille qui passent des heures à lire des recettes bio et à créer des plats qui correspondent aux préférences et allergies (plus ou moins imaginaires) de chaque membre de la famille.

L'étude de ces sociologues explique probablement en partie pourquoi les Américains sont tant fascinés par les surgelés Picard: la chaîne est mentionnée dans tous les livres sur l'inépuisable sujet mais comment font les Parisiennes pour être si parfaites? Le surgelé de qualité règle en partie le dilemme du parent qui veut faire un bon repas en famille sans se tuer au travail. Mais ce genre de produits a du mal à s'implanter aux Etats-Unis: les gens associent encore surgelés et junk-food, et l'idée qu'il faut souffrir pour être une bonne maman demeure bien ancrée.

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