La «bombe Montebourg» a explosé et a emporté avec elle le gouvernement Valls. Lundi 25 août, le Premier ministre a remis la démission de son gouvernement à François Hollande après, affirme le communiqué de l'Élysée, que le chef de l'État lui a demandé de «constituer une équipe en cohérence avec les orientations qu'il a lui même définies pour le pays». Une nouvelle équipe gouvernementale devrait être annoncée mardi, selon toute probabilité sans Arnaud Montebourg, en conflit ouvert sur la ligne politique à suivre.
Manuel VALLS a présenté au Président de la République la démission de son Gouvernement pic.twitter.com/5kijTGCO06
— Élysée (@Elysee) 25 Août 2014
Dimanche soir, Matignon, interrogé par Le Monde, avait estimé que le ministre de l'Économie avait franchi une «ligne jaune» lors de son discours de Frangy-en-Bresse, où il a appelé à une «inflexion majeure de [la] politique économique» et la recherche de «solutions alternatives», et ce au lendemain d'un entretien déjà iconoclaste accordé au quotidien. L'opposition s'était évidemment aussitôt emparée de l'affaire.
Ce séisme gouvernemental est moins surprenant qu'il n'y paraît: il avait par exemple été annoncé dès la mi-juin en une par le Nouvel Observateur, sous le titre «La bombe Montebourg» (article payant). «Alors, tu pars? –Oui»: rapportant cette scène entre Arnaud Montebourg et un proche, l'hebdomadaire annonçait pourquoi le ministre de l'Économie, coincé entre un François Hollande avec qui il a longtemps été en conflit avant son ralliement à l'automne 2011 et un Manuel Valls dont il estime qu'il pèse moins que lui dans la gauche (17,19% contre 5,63% à la primaire ouverte), «se dirige vers la sortie». Avec, en ligne de mire, la primaire pour l'investiture socialiste en 2017. Morceaux choisis:
«Voilà déjà plusieurs semaines que ses visiteurs [...] ont compris que l'aventure avec Valls, celle qui s'est nouée fin mars lors du grand remaniement voulu à l'Elysée, reposait sur des bases trop fragiles pour aller à son terme.»
«Le jeudi 5 juin par exemple, après un long exposé dans lequel Arnaud Montebourg avait expliqué que les perspectives de croissance n'étaient guère brillantes dès lors qu'on persistait, tant au niveau français qu'européen, dans des politiques d'essence déflationniste, Valls a replié tranquillement ses dossiers.»
«Le plan de 50 milliards d'économies, annoncé le 14 janvier par Hollande en personne, n'est pas, à ses yeux, l'horreur absolue que décrivent quelques députés frondeurs. À condition qu'on l'assaisonne d'un peu de déficit et d'un peu d'inflation. Lui n'est pas du genre à opposer politique de l'offre et politique de la demande. Il entend simplement que les deux s'articulent sans céder aux oukases bruxellois.»
«Si l'inflexion qu'il souhaite n'est pas au rendez-vous, cet été, pourquoi imaginer devoir rester plus longtemps? Pourquoi se faire complice, à terme, d'un nouveau 21 avril?»
À l'époque, l'article de l'hebdomadaire avait même provoqué une réaction de l'intéressé:
«Il y a beaucoup de gens qui veulent que je démissionne et depuis longtemps. Pourquoi? Parce que nous faisons à la fois des choses constructives et dérangeantes. Parce que nous changeons peu à peu le modèle économique de notre pays. Tous ceux qui aimeraient que tout cela s'arrête semblent être au rendez-vous, comme d'habitude. Mais moi je suis là, et j'y suis bien.»