C'est un spectacle assez surréaliste, capté à plus d'un milliard de kilomètres de notre bonne vieille Terre: la formation de nuages au-dessus d'un lac de méthane de Titan, l'un des satellites de Saturne.
En noir, le lac de méthane en question. En gris, les volutes nuageuses qui se forment à sa surface.
Les images ont été enregistrées fin juillet par la sonde de la mission Cassini-Huygens, conjointement lancée en 1997 (!) par la Nasa et l'ESA, qui a pour mission de comprendre l'athmosphère de Saturne et de ses satellites, explique notamment le Cnes, qui participe également à l'aventure, sur son site.
A ce titre, le temps nuageux observé sur Titan n'est donc pas une mauvaise chose. En effet, les scientifiques ont bon espoir «d’améliorer nos connaissances sur les mécanismes chimiques ayant abouti à l’apparition de la vie sur Terre», explique encore le Cnes, en comparant la météo titanienne (titanique?) à celle de la Terre.
Or comme le note l'expert en sciences et espace de Slate.com, Phil Plait, la présence de «lacs de méthane, d'un cycle de méthane et de nombreux composés organiques» sur Titan fait largement penser au fonctionnement de la Terre. Et d'ajouter:
«Ce n'est pas surprenant qu'un tas de scientifiques prennent au sérieux l'idée d'une exobiologie sur Titan.»
Une vie extraterrestre d'autant plus envisagée qu'en 2012, des expériences en laboratoire ont conclu qu'il était possible «que l’épaisse brume atmosphérique de Titan contienne les cinq bases nucléiques utilisées dans l’ADN et l’ARN, ainsi que quelques acides aminés simples, les blocs de construction des protéines», notait alors la Société française d'exobiologie. Soit pour résumer, les petites briques primordiales de la vie.
Néanmoins, la sonde Cassini n'a pas les moyens de vérifier cette observation réalisée en laboratoire.
Pour les scientifiques de la Nasa, la formation de ces nuages sur Titan veut donc surtout dire que l'été est de retour dans l'hémisphère nord du satellite de Saturne, rapporte le site Motherboard. Un pas de plus pour comprendre le climat de ce corps céleste plus gros que Mercure, comme le rappelle Phil Plait.
Manière, aussi, de nous rappeler une fois encore que nous avons envoyé à plus d'un milliard de kilomètres des instruments scientifiques capables de fonctionner... et de nous faire parvenir de magnifiques trouvailles:
L'ouragan situé au pôle Nord de Saturne, vu de la sonde Cassini en 2012 | NASA/JPL-Caltech/SSI
Les anneaux de Saturne et ses deux satellites Enceladus, au premier plan, et Titan (en arrière-plan) | NASA/JPL-Caltech/Space Science Institute