La guerre fait rage entre les pro et les anti-liseuses. Ces écrans qui remplacent petit à petit nos bons vieux livres de poche possèdent autant de détracteurs que d'adeptes. Chacun a ses arguments, froideur de l'écran contre toucher du papier, lecture moins confortable que sur du papier, tout est prétexte à débat.
Ces questions n'intéressent pas uniquement les bibliophages mais aussi les scientifiques. Le New York Times rapporte l'étude d'une équipe de chercheurs français et norvégiens qui s'est interrogée sur la manière dont nous retenions un texte sur papier ou sur une liseuse.
L'équipe a fait lire à 50 étudiants une nouvelle de 28 pages (Jenny, mon amour issue de Mortels péchés d'Elizabeth George pour les plus curieux). La moitié du groupe a lu cette nouvelle dans sa version papier tandis que la seconde l'a lu en version numérique sur une liseuse. A la fin de leur lecture, l'ensemble devait répondre à quelques questions sur les événements et l'intrigue de cette nouvelle.
Les premiers résultats de cette expérience montrent que les différences de mémorisation entre papier et livre numérique sont moindres.
Comme l'indique ce graphique établi par le NY Times, les personnages et les lieux de l'action sont bien en mémoire chez chaque lecteur.
Capture d'écran The NY Times
Mais ceux qui ont lu sur une liseuse semblent moins à l'aise pour retracer l'ensemble des événements de la nouvelle dans le temps. Ainsi quand les chercheurs demandent aux étudiants de remettre dans l'ordre 14 événements de l'histoire, la proportion de «lecteurs numériques» qui se trompe est bien supérieure à celle des lecteurs papier.
Pour autant, Anne Mangen, qui a dirigé l'étude ne parvient pas à établir une cause réelle à ce problème:
«Nous faisons face à un véritable sac de noeuds que nous commençons à démêler. Mais cette expérience confirme que l'ergonomie et la sensation du toucher du papier compte réellement.»
Interrogé par le New Yorker, Ziming Liu, professeur à l'Université de San Jose estime que nos habitudes ont changé avec ce nouvel équipement. Sur l'écran, nous aurions tendance à naviguer dans la page en s'attachant plus aux mot-clés qu'à la structure globale du texte. Dans la page, notre lecture serait plus linéaire. Il a même donné un nom à ce phénomène: «l'écrémage».