Chaque année depuis 2007, les «Xtreme Eating Awards» décernent des prix aux menus et plats les plus caloriques des Etats-Unis. Pas pour rigoler, mais pour lutter contre l'obésité et travailler à une prise de conscience des énormes portions proposées, en montrant des plats parfois caricaturaux mais bel et bien réels: c’est une initiative du Center For Science in the public interest, organisation travaillant à améliorer la santé et l’alimentation des Américains.
Comme l’explique l’introduction au palmarès, «en 2007, nous étions choqués de voir des plats à 1.500 calories. Cette année, presque tous nos “gagnants” ont atteint 2.000 calories. Et quelques-uns ont dépassé les 3.000. Vous pourriez en emporter à la maison et encore trop manger».
C’est en effet beaucoup, car l’apport énergétique conseillé moyen est de 2.400 à 2.600 calories par jour pour un homme adulte, et de 1.800 à 2.200 calories par jour pour une femme adulte, le tout dépendant de la taille, du poids, du niveau d’activité physique.
Les prix de l’année 2014 ont été décernés fin juillet. The Cheesecake Factory est le grand vainqueur, avec trois récompenses sur neuf. La chaîne propose ainsi un brunch à 2.780 calories, grâce à une bonne dose de pain perdu, beurre, sucre, sirop d’érable et lard grillé. Soit 93 grammes de graisses saturées et 24 cuillères à café de sucre.
Autre gagnant de la chaîne, son plat de pâtes au poulet, champignons, tomates, pancetta, petits pois, oignons caramélisés, sauce à la crème (sûrement beaucoup de crème?), à l’ail rôti et au parmesan. L’assiette équivaut à 2.410 calories et 63 g de gras saturés. Et, dernier trophée de Cheesecake Factory, une part de cheesecake au beurre de cacahuète et au chocolat à… 1.500 calories le dessert.
Le classement a aussi «salué» la chaîne de fast-food Red Robin Gourmet Burgers, avec un hamburger «Monster» à 1.670 calories, accompagné de frites à 370 calories et d’un tout aussi monstrueux milk-shake au caramel au beurre salé à 1.500 calories… Soit 3.540 calories le menu, et là encore beaucoup plus de sodium, de gras saturé et de sucre dans un seul menu que dans l’apport journalier recommandé.
Parmi les autres gagnants, on trouve Chevy’s Fresh Mex (et son énorme plat d’enchiladas à 1.920 calories) ou encore Joe’s Crab Shack (et son assiette de petites choses frites totalisant 3.280 calories).
Le classement inclut le nombre de restaurants par chaîne (150 pour The Cheesecake Factory), histoire que l’on se rende compte des fortes possibilités de commander ces plats dans le pays, et le nombre d’heures de sport à faire pour brûler les calories de chacun de ces plats (5 h de jogging pour les pâtes de Cheesecake Factory par exemple).
Cependant, ces chiffres peuvent induire en erreur, car comme le souligne Slate.com, une part de cheesecake n’est pas égale à 4h30 d’aérobic , c’est un «faux sentiment de précision» et de simplicité: cela dépend là encore largement de votre poids, de votre âge, de votre sexe, de votre condition physique, du type d’aérobic…
Selon Today, les chaînes de restaurants ont réagi: la Cheesecake factory a ainsi précisé qu’il y avait plus de 200 choix (assurément pas faits maison, donc!) à sa carte et que «le restaurant a toujours été une question de choix». Le communiqué précisait que «beaucoup de nos clients veulent en profiter sans être concernés par les calories. D’autres veulent partager leur repas –et nous aimons quand nos clients partagent– ce qui veut bien dire que nos portions sont généreuses, et une grosse proportion de nos clients emportent les restes chez eux pour déjeuner le lendemain». Argument malin, car en effet, l’usage du doggy bag est beaucoup plus répandu aux Etats-Unis.
Denny Marie Post, vice-présidente de Red Robin, explique à USA Today que le palmarès a choisi les trois plats les plus extravagants pour faire ce menu-test, mais qu’un client peut très bien commander un burger à la dinde et à la laitue, avec un accompagnement de brocolis et une limonade, pour… 540 calories le repas.
Les fast-foods parlent de l'importance du choix individuel, les associations mettent plutôt l'accent sur l'information nutritionnelle, avant toute chose. Paige Einsten, diététicienne du Center for Science in the Public Interest en est persuadée: «Je ne pense pas que les gens savent vraiment à quel point les repas peuvent être mauvais dans ces restaurants», ce qui justifierait ce classement pointant du doigt les plus énormes excès.